Le village d’Abidjan-Adjamé pleure encore sur son malheur. Le vaste espace nettoyé des gravats témoigne de l’ampleur des destructions. Ici, les habitants n’oublieront jamais cette journée du 25 juillet 2024. Alors qu’ils dormaient dans leurs maisons, ils se sont réveillés sans un toit au-dessus d’eux, dans la violence et le tumulte. « C’est nuitamment, à 5 h du matin, qu’ils sont venus tout casser. Des femmes, choquées, sont sorties nues mais ils ont continué à tout casser. La chapelle catholique, l’église harriste, la maison du chef, celle de sa mère, rien n’a été épargné. Pendant le ramassage des gravats, on a retrouvé de l’or, des vêtements et des objets précieux sous les décombres », explique le secrétaire général de la chefferie d’Abidjan-Adjamé, ce jeudi 3 octobre 2024, à Simone Ehivet Gbagbo qui effectue une visite dans le village. A la tête d’une forte délégation de son parti, elle est venue exprimer sa compassion et dire « Yako » à la population encore meurtrie, deux mois après. « Nous avons été choqués par ce que nous avons vu et entendu. Il était important que nous venions nous-même pour parler avec vous et comprendre. Abidjan-Adjamé n’est pas un quartier banal créé par les colons. Ce village Atchan existait déjà. Ce village est historique et doit le demeurer. Nous avons été choqués par le fait qu’il y a eu des discussions avec les mais l’accord n’a pas été respecté par la partie gouvernementale. Il faut tenir compte de ce que la population a besoin de se sentir protégée par ceux qui sont au pouvoir. Il faut que les droits d’Abidjan-Adjamé soient respectés. Les droits de la communauté propriétaire de ce territoire doivent être respectés. On aurait pu trouver une population furieuse, belliqueuse après tout ce calvaire. Mais je vois une population meurtrie mais calme. Je rends grâce pour cela », a-t-elle dit. Le chef Nangui Boua Chérubin Urbain ne comprend pas que l’on vienne poser un acte gouvernemental dans un village avec des voyous, des brigands armés de cailloux, gourdins et pistolets. « Il y a de quoi avoir peur », se désole-t-il. Mais il reste ferme. « Nul ici ne dit qu’il n’a plus de village. D’une seule voix, nous parlons de notre village. Nous sommes convaincus de rester sur nos terres. Nous ne voulons que demeurer sur ce site originel », lui confie-t-il à la présidente du MGC.
Arrivée aux environs de 10 h, la présidente du MGC, a été accueillie dans l’espace aux allures lunaires, par une délégation de la chefferie qui lui a dit « Akwaba ». Après avoir apprécié l’étendue des dégâts, elle a été conduite à la chefferie où l’attendait le chef du village pour des échanges préliminaires dans la salle de conférence. On lui apprend que le chef d’Abidjan-Adjamé est de fait, le chef de tous les Bidjan qui sont répartis dans sept villages. Ce village est donc leur capitale.
Dans le foyer où elle rencontre la population majoritairement composée de femmes, en présence de la chefferie entière, Simone Ehivet Gbagbo sait trouver des mots d’encouragement. Elle a passé une partie de sa tendre enfance ici, pour avoir fréquenté l’école du village. C’est donc avec attention qu’elle écoute les témoignages des vielles femmes qui ont tout perdu.
Simone Ehivet Gbagbo ne s’est pas rendue à Abidjan-Adjamé avec les mains vides. 4.200 articles scolaires ont été remis au village, entre autres dons.
ComCNC