Abidjan (Côte d’Ivoire)-Situation socio-politique sur le processus électoral-La CAP-CI interpelle le pouvoir RHDP et annonce un grand meeting

Mesdames et Messieurs,
Nous avons décidé d’organiser cette première conférence de presse pour vous entretenir sur l’évolution de la situation socio-politique préoccupante de notre pays.
Notre intervention s’articulera autour de trois points :
1) Le point de la situation socio-politique ;
2) Les principales causes de cette évolution ;
3) Les conclusions et les recommandations de la CAP-Côte d’Ivoire.
I) Le point de la situation socio-politique

La situation socio-politique de la Côte d’Ivoire se dégrade

Mesdames et Messieurs la situation socio-politique de notre pays se dégrade rapidement.
Il n’y a pas encore longtemps, les populations subissaient des déguerpissements inhumains et anarchiques à Yopougon, Port-Bouët, Adjamé etc., jetant des milliers de familles dans la rue et notamment des élèves en pleine année scolaire.
Nous constatons aujourd’hui, que des tensions émergent çà et là.
Vous vous souvenez qu’il y a peu, c’était la question foncière qui agitait les cœurs de tous les Abidjanais en particulier des Atchans.
Rapidement, le cœur des producteurs d’anacarde s’est à son tour, amèrement alourdi avec la mévente de leur production sur toute l’étendue du Nord, du Centre et du Centre-Ouest du Pays.
Peu après, le front social s’est embrasé avec la grève des enseignants marquée par des arrestations inexplicables.
Au niveau politique, les tensions sont de plus en plus vives.
L’environnement socio-politique s’est fortement dégradé à l’occasion de la révision de la liste électorale en 2025 et il est à craindre qu’il se dégrade encore plus, au cours de la mise en œuvre des différentes phases du processus électoral et à l’approche des élections d’octobre 2025.
Tous, Acteurs politiques, Guides religieux de toutes les confessions, Analystes politiques, journalistes et hommes de médias, les Démocrates et observateurs critiques, sont d’accord pour dire que le climat social et l’environnement sociopolitique ne sont pas bons.
Les interventions, les alertes des médias, les mises en garde des Guides religieux, du barreau des avocats, les débats des analystes politiques et les prises de position de certains élus sur cette question, confirment tous cette tendance : l’environnement socio-politique se crispe et le climat social se détériore !
La convocation dans une préfecture de police du porte-parole du PDCI-RDA, Député de la nation, pour avoir simplement annoncé une manifestation autorisée dans toutes les démocraties modernes, est une parfaite illustration de cette situation.
Les ingrédients pour tout faire imploser se mettent progressivement en place, sous nos yeux !

Rappel des morts…

Il est bon de rappeler que les élections présidentielles, parce que nous refusons de voir la vérité en face, occasionnent des morts en Côte d’Ivoire depuis plusieurs décennies. Les statistiques macabres sont malheureusement là pour nous interpeller. Ainsi, on a dénombré officiellement :
• En 1995, 30 morts ;
• En 2000, 300 morts ;
• En 2010, 3 000 morts ;
• En 2020, 87 morts, de nombreux blessés et l’emprisonnement de plusieurs personnalités de l’opposition. On a même joué au ballon avec une tête d’une victime
La CAP-Côte d’Ivoire dont l’un des principes est de recourir au dialogue pour la résolution des problèmes, souhaite que ce cycle de violence prenne fin.
La CAP-Côte d’Ivoire pense qu’il est temps d’agir en concertation avec tous les acteurs, pour réinstaurer un climat de confiance et un environnement politique apaisé pour des élections sans violence cette année.
En 2025, nous ne devons pas, à nouveau, avoir des morts à l’issue des élections.
On ne doit plus tuer ou se faire tuer pour son opinion !
On ne doit plus brutaliser ou se faire brutaliser pour son opinion !
Mais comment en sommes-nous arrivés là ?

II) Les Causes

Les causes de la dégradation de la situation sont de plusieurs ordres. Nous allons nous en tenir à celles qui sont les plus importantes, au regard de ce qui se passe le terrain.
1) Il s’agit en premier lieu du refus du dialogue politique par le Gouvernement.
En effet depuis août 2024 l’opposition a interpellé le Gouvernement sur la nécessité d’ouvrir le dialogue politique par le biais d’un point de presse. Cela a été formalisé par la suite par deux courriers, au Chef de l’Etat, en septembre et en octobre 2024. Au lieu d’ouvrir le dialogue, le Gouvernement a, par le truchement d’une réponse du Ministère de l’Intérieur, refusé de faire droit à la requête de l’opposition au motif qu’il n’y en avait pas besoin, les rencontres de 2022, ayant selon eux, traité tous les problèmes !
Nous sommes en 2025 et il faut bien convenir que les besoins ont évolué et qu’il est nécessaire de les examiner à nouveau !
2) Il s’agit en seconde position de la surdité du pouvoir sur les revendications légitimes de l’opposition relatives à la RLE en 2024 et la nécessité de la reprendre en 2025, conformément aux dispositions de la loi. Les nouveaux majeurs et les personnes qui ont pu se faire délivrer des documents en vue de se faire inscrire sur la liste électorale sont donc exclus du processus électoral.
La RLE lancée du 19 octobre au 10 novembre 2024 et prorogée d’une semaine au 17 novembre 2024, n’a pas donné des résultats satisfaisants.
L’objectif de l’opération était d’enregistrer 4,5 millions de requérants.
La CEI elle-même a annoncé qu’elle a recensé 769 747 nouveaux électeurs.
3) L’analyse de la liste provisoire, distribuée le 17 mars 2025 par la CEI à nos formations politiques, montre que la liste électorale a été établie de façon approximative, avec pour conséquence de nombreuses anomalies dont entre autres :
Des électeurs plus âgés que leurs géniteurs ;
▪ Des électeurs qui n’ont pas de lieu de naissance ;
▪ Des électeurs dont le lieu de naissance du père est inconnu ;
▪ Des électeurs dont le lieu de naissance de la mère est inconnu ;
▪ Des électeurs mineurs au moment de leur enrôlement ;
▪ Des Migrations sauvages d’électeurs d’une commune à l’autre sans leur consentement ;
▪ Plus de six millions d’électeurs inscrits en violation flagrante de l’article 7 du code électoral ;
▪ Et de nombreux morts figurant encore sur le fichier électoral.
Malgré les appels de l’opposition pour faire le point sur ce qui précède et pour faire auditer cette liste, le Gouvernement RHDP et la CEI ont refusé d’entendre raison.

Un malaise socio-politique

4) La suspension des représentants du PPACI, du PDCI-RDA et du FPI des activités de la CEI est un autre signe du profond malaise socio-politique que traverse notre pays.
L’article 5 nouveau de la loi n°2019-708 du 05 AOUT 2019 fixe le nombre de membres de la Commission centrale de la CEI à quinze (15) membres. Mais dans les faits, la Commission centrale de la CEI est aujourd’hui composée de dix-huit (18) membres répartis comme suit :
− Une personnalité proposée par le Président de la République ;
− Une personnalité proposée par le Ministre chargé de l’Administration du Territoire ;
− Six personnalités issues de la société civile dont un avocat proposé par le Barreau, une personnalité proposée par le Conseil National des Droits de l’Homme et quatre personnalités proposées par les Organisations de la Société Civile ;
− Un magistrat proposé par le Conseil Supérieur de la Magistrature ;
− Quatre personnalités proposées par le parti ou groupement politique au pouvoir ;
− Cinq personnalités proposées par les partis ou groupements politiques de l’opposition.
Avec la suspension des activités de la CEI des 3 partis de l’opposition (PPA-CI, PDCI, FPI), cette structure se trouve déséquilibrée. La Commission centrale de la CEI avant même la suspension des activités de la CEI du PPA-CI, du PDCI, et du FPI était déjà dominée par le Parti au pouvoir.
Avec la récente suspension des activités de la CEI de ces trois partis d’opposition, la Commission centrale de la CEI est entièrement contrôlée par le parti au pouvoir. L’organe censé être l’arbitre impartial des élections n’est donc pas neutre.
Les Commissions Electorales Locales, sont aussi sous l’emprise du pouvoir RHDP. En effet, sur 630 commissions électorales locales, 610 sont présidées par des militants du RHDP, parti au pouvoir.
Cette CEI n’a donc plus de fondement légal et ne peut donc plus organiser d’élection légale.
5) Il s’agit en cinquième position de l’élimination, par des artifices juridiques peu dignes d’un état de droit, de certaines personnalités fortes, susceptibles de se porter candidats en 2025.
Ainsi, le Président Laurent Gbagbo, le Premier Ministre Soro Kigbafori Guillaume et le Ministre Charles Blé Goudé ont été écartés et l’on tente maintenant, d’éliminer le Président Tidjane Thiam de la compétition !
6) Il s’agit enfin du projet d’un quatrième mandat que le RHDP veut, contre vents et marées, offrir à Monsieur Alassane Ouattara, en violation flagrante des dispositions Constitutionnelles.
Mesdames et messieurs, ce sont là, les principales causes de la situation d’extrême tension et de la détérioration de l’environnement socio politique que nous vivons actuellement.
Cette situation est réelle, palpable et alarmante. Tous les acteurs politiques responsables doivent le reconnaitre. Le déni peut nous conduire loin et induire des conséquences imprévisibles.

III) Conclusions et recommandations

La CAP-Côte d’Ivoire appelle à témoin toute la communauté internationale et toute la nation Ivoirienne sur le fait que nous marchons vers l’organisation de notre élection présidentielle par un Organe qui n’a plus aucune légalité
La CAP-Côte d’Ivoire rappelle son attachement à la démocratie, au dialogue et à la conduite des élections sur la base de discussions consensuelles et sa volonté de trouver des solutions aux problèmes de notre pays par le dialogue.
Elle demande au pouvoir et à tous ses démembrements d’œuvrer à la création d’un environnement politique et social apaisé pour un scrutin sans tension en 2025, et en conséquence, de convoquer le dialogue politique avec les partis dans l’opposition et les Organisations de la Société Civile.
La CAP-Côte d’Ivoire réitère l’impérieuse nécessité d’opérer les reformes minimales nécessaires pour des élections transparentes, inclusives et crédibles en 2025. Une dernière lettre de relance de la nécessité de ce dialogue vient d’être envoyée à nouveau au Chef de l’Etat.
Elle exige :
▪ L’organisation de la RLE en 2025 conformément aux dispositions du code électoral ;
▪ La dissolution de la CEI et la mise en place d’un autre organe véritablement indépendant capable d’organiser des élections crédibles sans la présence de représentants des partis politiques ;
▪ L’Audit de la liste électorale ;
▪ La réintégration du Président Laurent Gbagbo, de l’ex-Président de l’Assemblée Nationale Soro Kigbafori Guillaume et du Ministre Charles Blé Goudé sur la liste électorale ;
Elle s’oppose à :
▪ Toute tentative de radiation du Monsieur Tidjane Thiam, Président du PDCI-RDA et Président de la conférence des Présidents de la CAP-Côte d’Ivoire, de la liste électorale.
La CAP-Côte d’Ivoire recommande la stricte application des dispositions de la Constitution qui excluent les candidats ayant fait deux mandats dont Monsieur Alassane Ouattara.
La CAP-Côte d’Ivoire, réclame fortement la convocation du dialogue politique dans notre pays. Afin de faire aboutir ses revendications pour des élections inclusives, sans violence annonce à toute la nation :
▪ L’organisation le 31 mai d’un grand meeting à Abidjan. D’autres actions d’envergure dont les dates seront précisées ultérieurement suivront La CAP-Côte d’Ivoire entend faire usage de tout l’arsenal légal en utilisant tous les moyens démocratiques pour se faire entendre et exprimer la volonté populaire
▪ Avant ce grand rassemblement, la CAP-Côte d’Ivoire entend prendre toute l’opinion nationale et internationale à témoin, à travers une tournée d’information et d’échanges auprès des chancelleries, des groupes religieux, des Chefferies traditionnelles, des Organisations syndicales etc;
La CAP-Côte d’Ivoire demande donc à ses militantes, à ses militants, à ses sympathisants et à l’ensemble des Ivoiriens épris de paix et de justice de rester debout, mobilisés et à l’écoute des mots d’ordre à venir.
Fait à Abidjan, le 5 mai 2025
Pour la Coalition pour l’Alternance Pacifique en Côte d’Ivoire

NB: La titraille est de la rédaction

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