Vous étiez d’abord connu comme le fondateur du Journal du jeudi ; qu’est devenu ce journal ?
JJ a mis la clé sous le paillasson comme on dit, après 25 ans de de parution hebdomadaire. Raison officielle : manque de rentabilité. Raison officieuse : les Bobos ont wacké le journal (rires).
Quand et comment vous est venu l’amour du cinéma ?
En vérité, j’ai été piqué par ce virus bien avant de penser à faire un journal. Autant, au collège, j’étais un ‘’rat de bibliothèque’’ (Dieu merci Facebook n’existait pas encore), autant j’étais accro aux projections de films au Centre culturel franco-voltaïque devenu aujourd’hui l’Institut français.
Parlez-nous un peu de votre parcours dans le cinéma…
Quand à l’époque, les réalisateurs africains déploraient le peu d’intérêt de notre public pour les films africains, moi j’inversais la question : ‘’est-ce que les cinéastes africains offrent à leur public ce qu’il attend d’eux’’ ? En d’autres termes, pourquoi n’avons-nous pas de films de divertissement comme à Hollywood, à Bollywood (on appelait ce type de cinéma ‘indiana’’ à l’époque des cinés Oubri et Rialé) ou à Hong Kong avec les films de Bruce Lee, Jacky Chan, etc. qui remplissaient les salles ? Le cinéma, c’est aussi le divertissement. Si on veut tenter un parallèle, ce n’est pas avec de la musique classique que vous allez animer les discothèques. Voilà un peu ce qui m’a motivé à mettre le pied à l’étrier pour cette belle aventure, afin de proposer modestement un autre cinéma africain.
A ce jour, combien de films avez-vous produits ?
Disons cinq films cinéma, dix téléfilms et cinq séries télévisuelles.
Vous aviez fait le pari de produire un film par semestre ; qu’en est-il ?
C’était un discours marketing pour réveiller les gens en leur montrant le potentiel de notre cinéma, sachant que le public est demandeur. Produire plus pour faire vivre les salles de cinéma, sachant que c’est de la quantité que vient la qualité. Il faut beaucoup de lait pour obtenir un peu de crème.
Quels sont vos plus grands succès ?
Je vais citer le premier succès en salle : ‘’Sofia’’ en 2004. Plus tard, il y a eu ‘’Mogo-Puissant’’ en 2006, puis ‘’Sam le caïd’’ l’année suivante. Bien après, ‘’Julie et Roméo’’ en 2011, puis ‘’Congé de mariage’’ en 2012 et enfin ‘’La villa rouge’’ en 2013. Parallèlement, il y a aussi quelques succès avec des téléfilms extraits de séries télé : ‘’La belle, la brute et le berger’’ et ‘’Clara’’.
Vous avez innové avec des films à petits budgets, faisant appel aux partenaires locaux et au numérique… Pouvez-vous nous en parler ?
Cela a été une expérience vraiment utile pour s’adapter à nos réalités et exister malgré la crise des financements. Au départ de mon expérience, je disais : ‘’que deviendrait le cinéma africain si d’aventure les guichets du nord venaient à tarir ?’’
Quelles sont les principales leçons que vous tirez du cinéma burkinabè ?
Je reste persuadé qu’il était impérieux de développer un plan B – en profitant de l’émergence du numérique – qui permet aujourd’hui à la jeune génération de produire des films, certes modestes, mais qui font vivre les salles de cinéma.
Votre long métrage “Les trois lascars” est le seul qui a été sélectionné pour le compte du Burkina pour le prochain FESPACO ; qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Ce rendez-vous est un véritable challenge pour les Films du dromadaire qui, pour l’occasion, arrivent en attelage avec les films d’Avalon (Paris) et Alma production (Abidjan). Nous croisons les doigts pour espérer faire honneur au Burkina Faso.
Lefaso.net