Depuis le 13 mai 2024, les préfets et sous-préfets organisent des rencontres avec les représentants des partis politiques et de la société civile de leurs localités respectives pour actualiser la cartographie électorale. Il est à noter que cette opération a débuté sans qu’aucune autorité de la Commission Electorale Indépendante (CEI) et ou du Ministère de l’Intérieur n’ait songé à en informer officiellement, ni les partis politiques, ni les organisations de la société civile, encore moins les populations. Manifestement, en dehors de toute approche consensuelle, la CEI est en train, sans que l’on y prenne garde, d’engager de façon unilatérale notre pays, la Côte d’Ivoire, dans le processus électoral de 2025 pour la présidentielle et les législatives à venir. En raison de l’urgence et de la gravité du sujet, nous, les représentants de quatorze (14) organisations (9 partis politiques, 1 plateforme de partis politiques, 4 associations de la société civile), nous sommes réunis le vendredi 17 mai 2024, de 16 heures à 20 heures, au siège du MGC, pour analyser la situation et adopter une position commune. Nous affirmons que le moment est venu d’engager un dialogue ouvert et inclusif qui permettra d’organiser des élections transparentes et apaisées. En effet, les exigences du calendrier électoral imposent que des discussions commencent dès maintenant de sorte que tous les points de désaccord soient résolus en amont et à temps. Les problèmes essentiels sont notamment :
1- la composition de la CEI qui doit devenir véritablement indépendante dans sa composition, comme dans son fonctionnement ;
2- le contrôle des actes et documents électoraux, particulièrement le renouvellement de la liste électorale et son audit ;
3- le découpage électoral actuel qui est très injuste, et dont la réforme est requise depuis plusieurs années ;
4- le réexamen de certaines dispositions de la Constitution et du Code électoral. Si les questions à débattre sont nombreuses, elles sont malheureusement les mêmes qui ont été déjà soulevées à plusieurs reprises et qui n’ont jamais eu de réponses satisfaisantes de la part du gouvernement. Cette situation crée plutôt des inquiétudes et du stress, là où les populations ont besoin d’une atmosphère apaisée. À ce niveau, nous attendons fortement d’une structure comme la CEI qu’elle prenne trois initiatives majeures, à savoir :
– créer la confiance entre les différents acteurs : la CEI elle-même, les partis politiques et les organisations de la société civile, le gouvernement ;
– informer et instruire les acteurs sur tous les actes qu’imposent les opérations électorales essentielles à garantir la justice et la démocratie dans notre pays ;
– organiser la participation aisée et transparente de tous les acteurs de
même que de toute la nation au processus de renouvellement des autorités politiques de notre pays, dans les temps fixés par la Constitution ivoirienne. Il est évident que pour chacun des points de réforme attendu, notamment leur contenu, le mode opératoire de leur mise en œuvre, il faut des décisions consensuelles. Celles-ci vont garantir à tous la fiabilité, la crédibilité et la transparence du processus électoral. Par ailleurs, il n’échappe à personne que la société ivoirienne vit des temps de vaches maigres, extrêmement stressants et difficiles en raison d’une augmentation continue du coût de l’électricité et des prix des denrées alimentaires de première nécessité sur tous les marchés. À ces deux facteurs de la baisse vertigineuse du pouvoir d’achat des Ivoiriens, s’ajoute le phénomène du changement climatique qui cause une vague de forte chaleur et qui impacte ainsi négativement les productions agricoles. Face à cet état d’aggravation de la crise du coût de la vie, nous exprimons notre solidarité aux populations en souffrance et affirmons qu’il est inconvenant et mal venu, voire inconcevable d’amplifier cet état de fait par de nouveaux tourments que provoqueraient d’éventuels affrontements électoraux. Pour nous, ces affrontements, qui rythment la vie politique, sociale, économique et culturelle de notre pays depuis plus de vingt ans, sont tout à fait évitables, pourvu que chacun y mette du sien. Eu égard à tout ce qui précède, et dans l’intérêt bien compris de tous, nous lançons successivement un appel au gouvernement, aux partis politiques et aux organisations de la société civile.
1- Au gouvernement qui, lui, a la compétence pour faire adopter et modifier les textes régissant les élections, nous disons : convoquez le dialogue ouvert et inclusif que les partis politiques et les organisations de la société civile réclament depuis si longtemps. Cela ne fera que du bien à l’âme de la nation. La CEI, l’arbitre des élections doit faire une mue profonde pour recouvrer son indépendance ; pour jouer son rôle et pour assumer pleinement son statut de chef d’orchestre des opérations électorales. En clair nous demandons une CEI véritablement indépendante, sans les représentants des partis politiques, ni ceux du pouvoir.
2- Aux partis politiques dans l’opposition et aux organisations de la société civile, nous disons : organisons notre entente, notre unité de pensées et d’actions dans un cadre commun formel, convenu car c’est, déterminés, résolus et mobilisés que nous allons faire bouger toutes les lignes en faveur de la droiture, de la justice et de la paix.
Fait à Abidjan, le 28 mai 2024
NB: Le titre est de la rédaction
Ph. DR