Côte d’Ivoire-Interview/Jacob Ahondjo (DG de Jaco Services et vice-pdt de la FENAPEPSCI) en réaction aux attaques : « Je demande aux influenceurs d’équilibrer les informations »

Monsieur le président, un agent de sécurité privée communément appelé vigile ou gardien a récemment dénoncé les conditions de travail  difficile des agents de sécurité. Il qualifie la situation de travail des vigiles d’inhumaine, d’esclavagiste, de mendicité. Quel commentaire faites-vous après cette sortie qui alimente  la chronique sur les réseaux sociaux ?

 

Je comprends la situation de détresse de cet agent. Cependant, je lui reproche d’être allé un peu loin dans ses dires. Vous savez, on ne scie pas un arbre sur lequel on est suspendu. Etant encore en activité, il devait se garder d’aller un peu trop loin. Dire que le traitement infligé aux agents de sécurité est un traitement d’esclave, c’est allé un trop loin. J’ai suivi le reportage sur une télévision privé de votre confrère John Jay dans son émission ’’Ya problème !’’. Le journaliste a révélé les réalités des sociétés de gardiennages en Côte d’Ivoire. Ce qu’au niveau de la fédération nationale du patronat  des entreprises privées de sécurités de Côte d’Ivoire (FENAPEPSCI), nous nous attelons pour améliorer. Nous déplorons qu’un individu incrimine toute une corporation. Et pourtant, certains responsables de société de sécurité se battent pour le bien être de ses agents.

 

Dire que vous n’êtes pas d’accord avec les déclarations de cet agent de sécurité, est-ce à dire que vous réfutez ces accusations ?

 

S’il y a un bon nombre de sociétés de sécurité qui ont l’agrément, d’autres n’en ont pas. C’est une réalité que nous ne nions pas. Certaines sociétés exercent dans une situation de non-conformité. Les gens peuvent pratiquer des prix  plus bas parce qu’ils n’ont pas de charge. C’est une réalité. Quand un problème se présente, je suppose qu’ils ont des organisations syndicales qui leur permettent  de poser leur problème. Un vigile qui se sent lésé, mal rémunéré, nous sommes dans un pays organisé, peut saisir les structures sociales qui défendront  sa cause.  Ce que je déplore, c’est quand on veut jeter l’opprobre  sur la corporation.

 

A écouter le vigile, être gardien ou agent de sécurité privée rime avec la misère, la mendicité comme il le dit lui-même ? Partagez-vous cette assertion ?

 

Pas du tout ! Je ne partage pas cette assertion. Moi qui vous parle, je suis un exemple de quelqu’un qui a commencé au bas de l’échelle pour être là où je suis. C’est-à-dire de simple agent de sécurité privée pour être aujourd’hui le directeur général de ma propre société de sécurité. J’ai commencé  comme agent de sécurité privée. Conscient de la situation que je vivais, le Smig était à cette époque à 36.000F, avec  le transport, ce qui faisait un salaire d’environ 52.000F, nous supportions cette rémunération. C’est ce qu’on nous proposait.  J’ai donc pris mes responsabilités pour me donner les moyens de ma réussite. J’ai donc réduit mon train de vie. J’ai passé mon permis de conduire. Lequel permis m’a permis d’avoir la promotion au niveau de la société qui m’employait jusqu’à ce que, Dieu permette que je crée mon propre business. C’est vous dire que quand on est conscient de ce qu’on fait, on atteint ses objectifs. Voilà. Mon cas n’est pas un cas isolé. Les gens incriminent les sociétés de sécurité privée comme si c’était les seules qui traitent mal, de façon esclavagiste comme il le dit, leurs travailleurs. Il faut faire la part des choses.  Et puis, c’est un choix. Celui qui décide d’être agent de sécurité privée ou vigile connait les conditions. C’est à lui de s’améliorer pour quitter cet état pour un bien être. Ou il reste dans ce qu’il considère comme une situation de désolation.

 

 

Voulez-vous dire que la situation évoquée par cet agent  préoccupe le patronat et que cela pourrait connaitre une amélioration ?

 

C’est bien ce que je dis. Lors de l’inauguration du siège de la fédération nationale du patronat des entreprises privées de sécurité de Côte d’Ivoire (FENAPEPSCI), le 03 mars dernier, le président de ladite fédération s’est engagé à amener les sociétés de sécurités privées à avoir  leur agrément pour ceux qui n’en ont pas encore, à améliorer la situation salariale de leurs employés selon la réglementation. C’est-à-dire l’application du Smig (60.000F),  payer la prime de transport, etc. Vous savez, dans toute structure, il faut une organisation. Nous avons une fédération. C’est en cela que des dispositions sont entrain d’être prises pour améliorer la cadre de vie de nos agents, pour le bien être de nos agents de sécurité. Le ministre de la Sécurité est  disposé pour nous accompagner. La DST est aussi disposée pour nous accompagner. Nous avons eu à travailler sur ce dossier et les choses commencent à s’améliorer.

 

Que répondez-vous à ceux qui affirment que les sociétés de gardiennage reçoivent suffisamment de l’argent  mais rémunèrent très mal leurs agents. Certains  vont jusqu’à parler de miettes.

 

Les gens parlent de ce qu’ils ne savent pas. L’état de Côte d’Ivoire qui était censé employé la main d’œuvre temporaire s’en est désengagé et a concédé aux fournisseurs que nous sommes. Allez-y voir dans les régis financières, quelles sont les quottassions ? Il y a des quottassions qui ne valent pas 100.000 F. Quand  on sollicite les prestations que l’état vous donne 70.000F pour un agent de sécurité, tout en sachant que le Smig est de 60.000F plus le transport c’est à vous d’apprécier. C’est vous dire que ce mal n’est pas du ressort des chefs d’entreprises de sécurité privées. Il faut aussi voir du côté de l’administration. C’est cette bataille que nous menons au niveau de la fédération.

 

Ce n’est pas toujours que l’argent à vous versé vient à temps….

Bien attendu ! L’état nous demande de payé. Pourtant la paie  de la prestation va parfois au delà de 90 jours voire un ou deux ans sans qu’on ne rentre en possession de notre dû. C’est cela qui crée ces désagréments.

Que répondez-vous à ces’’ influenceurs’’ sur les réseaux sociaux qui discréditent les patrons des sociétés de sécurité privées votre  fédération ?

Qu’ils aient un peu de retenu. Je ne connais pas leur statut mais je pense qu’il faut réglementer les secteurs de la société. Les influenceurs sont-ils des journalistes ? Je ne crois pas. Alors je me demande s’ils font des investigations.  Quand on veut s’adresser à un public, il faut avoir des preuves. S’ils sont les porte-voix des sans voix, alors qu’ils nous montrent qu’ils peuvent équilibrer une information et non jeter le discrédit sur une corporation. Je leur demande d’équilibrer les informations. Aux agents de sécurité, nous nous organisons pour négocier le prix homologué. Nous avons des séances de travail avec la tutelle pour améliorer leur condition de vie. Je leur demande de ne pas dénigrer leur secteur. Ils ne sont pas les seuls qui vivent de telles situations. A l’état et aux collectivités locales, que les dispositions soient prisent pour améliorer le cadre de vie  des employés.

Réalisée par S.A.S

Partagez