La filière Coton Anacarde va mal. Très mal. Une situation de crises successives qui dure depuis plus d’une dizaine d’années au point de plonger les agriculteurs dans une misère sans pareille. Face aux journalistes, le mercredi 07 juin 2023, à l’Université CERAP à Cocody, le président du Conseil d’administration de la Ligue des Organisations Professionnelles Agricoles, Jean Michael Armand KOUASSI, a dénoncé l’indifférence totale de la structure de régulation, le départ prématuré de certains exportateurs, le montant excessif des prélèvements, la chute drastique des prix minimums garantis, l’existence de certaines sociétés coopératives créées par ces responsables et délégués régionaux et départementaux du conseil Coton anacarde. Après une tournée nationale dans les zones de production des responsables de la Ligue, il ressort que les causes de la crise de la campagne 2022/2023 sont multiformes. Au titre des causes, la concurrence déloyale imposée par des industriels de la noix de cajou. En effet, le président Jean Michael Armand KOUASSI s’insurge contre les industriels qui opèrent dans les magasins centraux et le bord champ pourtant exclusivement réservé aux sociétés coopératives et aux acheteurs dument mandatés. « Mais à la pratique », révèle le conférencier, « cette règlementation n’est pas respectée par les multinationales. Celles-ci ont quitté les magasins centraux pour se retrouver au bord champ. Elles sont désormais au champ en proposant aux producteurs des prix nettement au-delà du prix officiellement fixé par les autorités compétentes. Comme conséquence, les sociétés coopératives locales n’ayant pas un portefeuille financier solide, se trouvent prises dans cet engrenage et affaiblies par ces grands groupes. Des grognes multiples des dirigeants de sociétés coopératives n’ont aucun effet et bien évidemment ces entreprises coopératives ferment », déplore la Ligue Ivoirienne des Organisations Professionnelles Agricoles. Autres causes évoquée par le président des organisations Agricoles d’anacarde, « le monde de l’industrialisation locale de la noix de cajou encouragée par le gouvernement ivoirien s’accompagne de spectacles désolants. Il est quasi fréquent de voir, certains industriels dont la mission première est la transformation de la noix de cajou de ruser avec la structure de régulation en se transformant en véritable exportateurs de la noix brute. Comme astuce trouvé, ils utilisent frauduleusement souvent des codes appartenant à d’autres structures et opèrent à visage découvert. Cette pratique connue dans le milieu favorise d’ailleurs ces industriels qui bénéficient des exonérations fiscales du fait de leur statut de transformateur. La concurrence déloyale imposée insidieusement par des multinationales et corroborée par la ruse constitue une des causes majeures de la crise de la noix de cajou » fait remarquer le conférencier. La qualité de la noix de cajou Ivoirien comme étant une cause principale des crises successives que connait la filière donc de la mévente ont également été évoquées. Le président des organisations Agricoles de Coton Anacarde a aussi décrié l’absence des sacs de conditionnement. Pour le conférencier, l’insuffisance de la sacherie reste et demeure un sujet de préoccupation pour bien nombre de sociétés coopératives dans les zones de production. Ce manque de sacs oblige les producteurs à utiliser d’autres matériels de conditionnement non appropriés notamment les nylons communément appelés bôrô pour conserver le produit. Ce qui naturellement affecte la qualité de nos produits. Il a déploré l’absence de formation des producteurs à la qualité. Ce qui a pour conséquence, un mauvais traitement des plants, le ramassage, le séchage et la conservation de la noix de cajou fait dans des conditions non réglementaires. Ce n’est pas tout. Le mélange des fèves défectueuses aux fèves de la campagne en cours a un incident sérieux sur la qualité du produit. La mauvaise qualité de la noix de cajou dans les zones de production, un prétexte suffisant utilisé par certains opérateurs pour faire chuter le prix bord champ. Vu la mauvaise qualité de la noix de cajou, certains exportateurs proposent aux sociétés coopératives un prix inférieur au prix entrée usine. Cette pratique du traitement à l’amiable du prix entrée usine fait rage en cette campagne ci. Autres dénonciations le stationnement anarchique des camions, l’absence de financement des sociétés coopératives locales, la fuite de la noix de cajou vers les pays limitrophe. C’est pourquoi, la Ligue Ivoirienne des Organisations Professionnelles Agricoles souhaite une lutte efficace contre ce phénomène et l’amélioration de l’environnement de travail des producteurs par la mise en place de programmes de construction de centres de santé, d’établissements scolaires, de pompes hydrauliques et de reprofilage de routes.
L’indifférence du conseil coton anacarde face à la souffrance des producteurs
Dans les zones de production, les agriculteurs sont impuissants devant les charges primaires du fait de la mévente de ce produit vital. Parent pauvre de tous les secteurs d’activités, les braves paysans voient leurs conditions et cadre de vie se dégrader au fil des semaines.
Les sociétés coopératives locales et autres operateurs exerçant dans la filière traversent des situations de commercialisation difficile. Les quelques financements par eux octroyés leurs sont retirés du fait du départ de certains exportateurs estimant que le cours mondial de la noix de cajou à considérablement chuté.
Prélèvements et cotisations professionnelles jugés excessifs
Pour la ligue Ivoirienne des Organisations Professionnelles Agricoles, les taux des prélèvements et autres cotisations professionnelles perçus sur la filière anacarde au titre de la campagne 2022/2023 sont jugés excessifs. Sans exagération aucune, le montant en Franc CFA /Kg de noix brute de ces cotisations et taux de prélèvements à notre possession est de 121.60.FCFA. Ce montant appliqué au tonnage annuel produit par la Côte d’Ivoire est estimé à plusieurs milliards de nos francs.
Non-respect du prix minimum obligatoire aux producteurs
Dans nos zones de production, le prix minimum obligatoire aux producteurs fixé, pour la campagne 2022/2023 à 315FCFA/Kilogramme, pour la noix de cajou bien séchée et bien triée ne comportant aucune matière étrangère a considérablement chuté. Il se négocie entre 150 et 200 FCFA. Cette négociation de gré à gré entre les producteurs et de véreux acheteurs est connue par la hiérarchie.
Pour Jean Kouassi, les responsables des sociétés coopératives et autres opérateurs économiques n’hésitent pas à désigner le conseil coton anacarde comme premier responsable des crises que vit la filière. De milliers de producteurs sont livrés à eux même dans les régions de production. L’inefficacité de l’organisation interprofessionnelle agricole (OIA), en charge de la défense des intérêts des acteurs de la filière dans cette crise qui secoue ce secteur a été évoquée. « Tout se passe comme si cet organe n’existe pas », a fustigé le président du conseil d’administration de la Ligue des Organisations Agricoles de Coton Anacarde. « L’organisation interprofessionnelle agricole laisse pantois plusieurs observateurs qui ont placé en cette structure de réels espoirs à faire cesser l’anarchie qui règne au sein de cette », a-t-il fait remarquer. Comme solutions au malaise dans la filière, la Ligue Ivoirienne des Organisations Professionnelles Agricoles propose la participation des sociétés coopératives aux programmes de formation et de sensibilisation des producteurs à la qualité, la mise en place d’un comité de lutte contre la concurrence déloyale, le renforcement du cadre institutionnel par la mise en place d’un comité indépendant de lutte contre la concurrence déloyale, la mise en place d’un comité de suivi évaluation de la politique de transformation, une politique de transformation locale de la noix de cajou. Pour la Ligue, les industriels qui s’inscrivent dans cette dynamique bénéficient d’une exonération fiscale de l’Etat. Pour la Ligue Ivoirienne des Organisations Professionnelles Agricoles il sera judicieux de créer un comité indépendant de gestion de la sacherie. « La noix de cajou fait vivre plusieurs millions d’ivoiriens et de non nationaux. Du nord au sud, de l’Est à l’Ouest en passant par le sud on y trouve de producteurs d’anacarde », a conclu le président du conseil d’administration de la Ligue des organisations Agricole.
SAN AUBIN