1995, 2000, 2010, 2020. Des années électorales marquées par des violences avec à la clé de nombreux morts (plus de 3000 morts en 2010-2011) , des disparus, des destructions massives, etc. Les Ivoiriens n’ont pas une mémoire de lièvre. A deux ans de la prochaine élection présidentielle en Côte d’Ivoire, les signes avant coureur d’un scrutin, trouble, violent, se dessinent. Certaines localités considérées à risques (62 localités à risques) ont, comme d’habitude, été encore secoués par des violences électorales lors des élections locales du 02 septembre dernier. Ce fut malheureusement le cas dans le Guemon, le Cavally, l’Indénié, Koumassi, pour ne citer que ces cas. Si des localités comme Yopougon, Divo, Agboville, Gagnoa, Daloa, Tiassalé, Dabou, Oumé, Yamoussoukro, San Pedro, Abobo, Adjamé, Adzopé, (…) qui font souvent l’objet de violences électorales, ont connu la partielle accalmie durant les élections couplées du samedi 02 septembre 2023, cela n’est pas synonyme de la paix retrouvée. Bien au contraire, les dernières élections régionales et municipales ont montré que les Ivoiriens n’ont pas tiré les leçons des crises successives (2002, 2010, 2020). Des milliers de morts, des disparus et des déplacées avaient été enregistrés. Pis, la réconciliation chantée ici et là est loin d’être une réalité. Les positions restent tranchées. Des Ivoiriens sont pendus aux basques de certains leaders politiques sans tenir compte de leur programme. La preuve, à Kasseré, région de la Bagoué, des partisans du parti au pouvoir, ont refusé que les candidats indépendants fassent campagne dans la commune sous le fallacieux prétexte que toute la population de la commune est RHDP. Est-ce ça la démocratie ? « Nous serons véritablement intraitables concernant les candidatures indépendantes’ ». Ces menaces proférées par le président du RHDP contre les candidats indépendants issus de son parti ont suscité et encouragé une certaine hostilité de certaines personnes pour les adversaires du parti au pouvoir. Il est temps que chacun passe l’éponge et se dépouille du vieil homme.
Des signes avant coureurs
L’appel du grand médiateur pour un scrutin apaisé, semble n’avoir pas été entendu au regard des propos vindicatifs entendus ça et là durant la campagne électorale. Si des candidats du parti au pouvoir ont proférés des menaces à peine voilées du genre, ‘’si vous ne votez pas le RHDP vous n’aurez pas le développement’’, ou des propos comme ‘’ne laissez plus des gens qui ne sont pas d’ici à la tête de notre localité’’, du côté de certains opposants, des propos à proscrire, à condamner, entendre de telles dérives à deux ans du scrutin présidentiel, une élection qui passionne beaucoup plus que les élections locales, suscite de réelles craintes au sein des populations déjà apeurés. La population de Côte d’Ivoire a trop souffert durant ces vingt dernières années du fait de la rébellion armée de 2002, la crise postélectorale de 2010-2011, le boycott actif de l’élection présidentielle de 2020 déclenché par l’opposition politique. Si le dialogue politique a été fait avec à la clé des résolutions et recommandations, c’est pour passer le cap, rabattre le caquet et aller véritablement à la réconciliation, à une paix définitive. Le retard dans l’exécution de certaines recommandations du dialogue politique notamment l’amnistie à l’ancien président de la république, Laurent Gbagbo, Blé Goudé, Soro Guillaume, la libération des détenus politiques et militaires, le retour d’exil de l’ex-chef de la rébellion, le dégel des avoirs des partisans de l’ancien régime, plombent quelque peu la vraie réconciliation malgré quelques actes pris par le président de la république pour la décrispation. Que chaque partie fasse sa part. Mieux, le pouvoir doit faire comme le valet du diable et faire abstraction des calculs électoraliste. Dans l’intérêt des populations, les premières victimes des violences.
Source : Le Nouveau Regard N°56
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