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Côte d’Ivoire-Gouvernance du pouvoir d’Etat sous Bédié-Gbagbo et Ouattara/Le combat mené par chacun d’eux

Considéré comme le doyen parmi les trois grands, Henri Konan Bédié est présent sur la scène politique nationale depuis très longtemps. Il fait son retour sur la scène politique en 1985 comme président de l’Assemblée nationale. Henri Konan Bédié restera dans l’ombre du président Houphouët Boigny comme son dauphin constitutionnel jusqu’à la mort du premier Président Ivoirien, le 6 décembre 1993. C’est donc dans le respect de la constitution qu’il accède au pouvoir  d’Etat. Un pouvoir mouvementé, perturbé par le leader du RDR. En 1995, le président du PDCI gagne l’élection présidentielle face à Francis Wodié qui deviendra plus de quinze ans après le président du conseil constitutionnel sous Alassane Ouattara.  Lors de la présidentielle de 1995, Laurent Gbagbo et le FPI refusent de prendre part au scrutin sous prétexte que leur allié du front Républicain, le RDR, d’Alassane Ouattara est déclaré inéligible. Des troubles liées à ce boycott actif feront plusieurs morts dans les rangs de l’opposition. De retour dans son pays après un passage au FMI comme DGA, le bras de fer entre Bédié et Ouattara s’agrandit. Le président du RDR annonce qu’il « frappera le pouvoir moribond  du PDCI et que ce pouvoir tombera ». Le pouvoir de Bédié est constamment perturbé par la coalition FPI-RDR (Front républicain). En réaction Bédié lance un mandat d’arrêt contre le champion des Républicains. La direction du RDR est ensuite arrêtée et jetée à la Maca pour trouble à l’ordre publique en octobre 1999. Moins de trois mois avant le renversement du président Bédié.

Entre temps, Bédié avait proposé un projet sur lequel le peuple lui avait fait confiance. Ce programme baptisé ‘’les douze chantiers de l’Eléphant d’Afrique’’ prévoyait entre autre, le 3ème pont qui sera construit sous Alassane Ouattara et baptisé pont Henri Konan Bédié, la construction de centres de santé, la relance des fonds sociaux pour les différents secteurs d’activité (primaire, secondaire et tertiaire) ; la mise en place d’un programme spécial pour le développement des voieries des grandes villes, des hôpitaux et des universités ; l’intensification des explorations pétrolières débouchant sur des gisements mis en exploitation;  le bitumage de nouveaux axes routiers prolongeant un des plus beaux réseaux routiers d’Afrique et comptant plus de 68.000 kilomètres; l’ouverture de milliers de kilomètres de pistes rurales ; l’électrification villageoise ; l’adduction d’eau dans de nouvelles villes secondaires ; la construction de nouveaux amphithéâtres sur les campus universitaires ; la création de nouvelles universités : Abobo-Adjamé, Bouaké, Daloa, Korhogo, etc.  Pour le président du PDCI, cela ne peut être possible que si  et seulement si la paix et la sécurité sont une réalité. C’est pourquoi Henri Konan Bédié  prévoyait dans son programme, de rebâtir la paix et la sécurité en les inscrivant comme une priorité de l’action gouvernementale, de rebâtir la paix et la sécurité en construisant une démocratie apaisée. Malheureusement cette avancée a été freinée le 24 décembre 1999 par un coup d’Etat militaire qui installa le général Robert Guéi.

La venue de Laurent Gbagbo au perchoir n’a pas été un hasard. Celui qui sera appelé le fils de Mama a pris des risques de défier le père fondateur de la Côte d’Ivoire moderne. Il a sillonné villes et hameaux de tout le pays profond, livré un message dans lequel des Ivoiriens se sont retrouvés. Laurent Gbagbo n’a pas attendu qu’on lui donne le pouvoir sur un plateau d’or. Malgré le règne sans partage du président Houphouët, le secrétaire général du FPI d’alors  et ses camarades se sont mis en évidence. Ils ont bousculé le ‘’vieux’’ jusqu’à obtenir le multipartisme. Quand Ouattara est nommé en 1989 au comité interministériel puis Premier Ministre du père fondateur en 1990, la vie de Gbagbo  va être mouvementée. Le secrétaire général du FPI et ses camarades sont jetés en prison suite à la marche du 18 février 1992 pour réclamer justice. On leur reproche d’avoir cassé bâtiments publics, voitures de particulier, mis le feu aux bâtiments publics et privés. Ils tombent tous sous le coup de la loi anti casseurs prise au soir de la marche du 18 février 1992. Ouattara révélait à la télévision nationale avoir vu Gbagbo entrain de casser. Cette même année, Gbagbo sera amnistié par le président Houphouët.  Le FPI accède au pouvoir en 2000 mais son pouvoir est fragilisé par les manifestations récurrentes organisées par le RDR. Suivront pêle-mêle l’affaire du charnier de Yopougon avec 57 morts découverts, la Mercédès noire, la rébellion du 19 septembre 2002, les gouvernements successifs composé avec les mouvements rebelles, et la crise postélectorale de 2010-2011. Conséquence, de toutes ces situations de troubles et de guerre, les refondateurs ne parviennent pas à dérouler véritablement leur projet pour lequel le peuple leur a fait confiance. L’Assurance Maladie Universelle, l’un des piliers de ce programme, la construction du métro d’Abidjan, (…) ne verront jamais le jour. Néanmoins certaines œuvres telles que le pont de Jacqueville, l’autoroute de Yamoussoukro, le remboursement de la dette Ivoirienne, l’achèvement du PPTE, le décrochage des salaires de certains enseignants, la création de conseil départementaux, l’augmentation des salaires des policiers, l’appel à candidature pour certains postes des entreprises publiques, le budget sécurisé, la construction progressive du palais présidentiel à Yamoussoukro et d’autres édifices liés au transfert de la capitale politique  sont autant d’actions entreprises ou en cours  sous la mandature du Président Laurent Gbagbo. Lui aussi a résisté aux obstacles suscités par ses adversaires politiques et certains membres de l’opposition politique pour s’imposer.

L’administration étant une continuité, le ‘’brave-tchê’’ parvenu au pouvoir en avril 2011 prend un pays défiguré. Toutefois, il n’a pas les mêmes difficultés que ces prédécesseurs.  Ouattara gouverne tranquillement, en maître incontesté. Mieux, le chef de l’Etat  bénéficie  de l’annulation totale de la dette Ivoirienne et du PPTE, favorisé par son prédécesseur, Laurent Gbagbo. Ce qui permet la réalisation de plusieurs grands projets restés en suspens. Notamment le 3ème pont baptisé pont Henri Konan Bédié, l’achèvement du pont de Jacqueville, l’achèvement de l’autoroute du nord. A son actif, le président actuel a initié la construction de plusieurs échangeurs à Abidjan, le bitumage de nombreuses voies même si cela figurait dans le projet de ses prédécesseurs, le retour de la Côte d’Ivoire au plan international est abusivement mis à son actif par ses suiveurs. A côté de ces acquis, d’autres projets initiés par le pouvoir RHDP tardent à prendre forme. C’est le cas des financements des conseils régionaux, des mairies, de la couverture maladie universelle (CMU), etc.

C’est encore sous le règne des tenants actuels du pouvoir que les partis politiques ont été décapités. En effet, le régime a fait de la division au sein des partis adverses, une partie de son programme de gouvernance. Il fallait réussir le coup pour empêcher l’union dans ces partis pour mieux régner. Le FPI, le RDP, le MFA, LIDER,  le PIT, l’UDPCI connaissent des divisions. Aujourd’hui des leaders de partis sont  invisibles, inexistants. Ainsi, de Bédié à Ouattara en passant par Gbagbo, tous n’ont pas connu le même parcours et la même facilité de gouvernance.

In  Le Nouveau regard

 

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