Dot avant le mariage coutumier/Nanan Agoa Alexandre (Chef central des Goa du district d’Abidjan) révèle les choses à fournir, les sanctions au cas où…lepays225.net-Jeudi 14 décembre 2023
Chaque semaine, se sont de nombreux couples qui se ruent à la mairie pour la célébration de mariage civil. L’influence du mariage civil n’a pas enterré la cérémonie de dot longtemps pratiquée dans certaines régions, certaines ethnies et familles. Le christianisme et la religion musulmane autorisent la célébration de la dot, lien entre les familles des deux conjoints. La dot tout comme le mariage coutumier diffère selon les communautés, les groupes ethnies voire les familles, parfois le statut social du fiancé. Le coût de la dot s’élève dans certains cas à des millions de francs CFA. Nanan Agoa Alexandre est le chef central des Goa (groupe akan), région d’Alépé. Voisins des Ebrié, des Abouré et très proches des Akyé, les Goa, groupe ethnie minoritaire, en alliance avec les dida (groupe Krou au sud-ouest de la Côte d’Ivoire), accordent une importance à la dot plus que le mariage civil. Entretien avec Nanan Agoa Bozard Alexandre.
Nanan, le « côcô », c’est quoi?
(Rires). Vous faites bien de poser cette question. Je vous dirai que le « côcô » précède la dot qui elle précède le mariage coutumier. La cérémonie de « Côcô » vise à faire le premier pas vers les parents de la fiancée afin de leur dire que leur fille intéresse l’homme qui envoie des émissaires. Ce premier pas, dis-je, se caractérise par une bouteille de liqueur, une bouteille de vin, une bouteille de sucrerie. Le tout accompagné de la somme de 5000F CFA offert à la famille de la fiancée.
Et après, est-ce à dire qu’on part avec la fiancée ?
Dans les temps anciens, il fallait offrir la dot, célébrer le mariage coutumier avant que la financée ne rejoigne son homme. De nos jours, ce n’est plus le cas. Des fiancés vivent sous le même toit, parfois font des enfants, sans faire ce ne serait-ce que « côcô ». Je ne parlerai pas de la dot qui demande une cérémonie plus grandiose avec un peu plus de moyens financiers.
Quand c’est le cas, y’a-t-il des amendes ?
Pas du tout. Vous savez, chacun va à son rythme. C’est quand le malheur survient que les sanctions tombent.
Pour la dot, qu’est ce qui est demandé au fiancé ? Est-ce que la liste des besoins varie lorsqu’une personne qui n’est pas Goa décide d’épouser une femme d’ethnie Goa ?
La liste d’éléments à fournir pour la dot se compose de vingt complets de pagnes, vingt-trois bouteilles de liqueurs, un casier de vin, un casier de bière, un casier de sucrerie, une éponge traditionnel fait à partir de lianes, un sac de sel, un sac de riz, des ignames, du vin de palme, de l’huile rouge, un chasse mouche, un panier de poissons fumés. A cela il faut ajouter 150.035F. Pour ce qui est des pièces d’argent, il s’agit d’offrir une pièce de 25F comportant sur l’une des deux faces, la tête d’une personne. Pareil pour les deux pièces de 5 F »
Qu’en est-il au cas où la femme décide de divorcer d’avec son mari ?
En cas de divorce demandé par la femme, la femme ou sa famille rembourse seulement les 35F ajoutés au montant de 150.000 sont restitués. Il faut rappeler que la dot diffère d’un groupe ethnies, d’une région, à l’autre.
Et si la femme décède alors qu’elle n’a pas été dotée par son homme ?
En cas de décès de la femme non dotée qui vit avec son conjoint, il est demandé à l’homme, en ce qui concerne les Goa, de doter sa femme défunte avant son inhumation. Peu importante s’ils sont liés par le mariage civil. C’est après avoir doté la défunte que le veuf est reconnu comme étant le mari à cette femme. C’est une obligation. Si le mari refuse de doter sa femme défunte, on lui interdit les cérémonies liées à l’inhumation. Dans les temps anciens, on parlait de mariage coutumier après la dot par le fiancé. Sans cela, la fille ne pouvait pas aller dans son foyer. De nos jours, de nombreuses filles se marient à la mairie sans faire la dot. L’homme qui n’a pas fait la dot, si sa femme décède, il est frappé d’une amende à payer au décès de sa conjointe. Cette amende varie selon les villages, les ethnies, voire les communautés. C’est après que le mari se soit acquitté de l’amende (numéraire) que l’enterrement de la défunte se faire. Cette pratique s’impose à toute personne qui se met ensemble avec une fille Goa
Le Nouveau Regard, N°60
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