Abidjan (Côte d’Ivoire)-ANP ACADEMY/Professionnalisme et militantisme/Les journalistes exhortés au respect du code de la déontologie
La presse politique en Côte d’Ivoire est réputée être une presse politisée qui publie des articles manifestement partisans. L’Autorité nationale de la presse (ANP) observe que la violation de l’équilibre de l’information est faite délibérément en raison du privilège accordé à la mission politique que se donnent certains journalistes de la presse écrite. Faut-il se poser la question si journalisme professionnel et militantisme sont compatibles ? Est-il possible d’être un militant politique et demeurer un journaliste professionnel ? Pour relever les standards du journalisme professionnel en Côte d’Ivoire, l’ANP a organisé le vendredi 20 janvier dernier à la salle CRRAE-UMOA à Abidjan-Plateau, la première session 2022 de sensibilisation et de renforcement de capacité sur le thème, « Journalisme : entre professionnalisme et militantisme ». A cet effet, le président de l’ANP a déploré la baisse du chiffre d’affaires de la presse. « La presse traverse un désert qui perdure. Depuis quelques années, le secteur connait une crise. Le chiffre d’affaires de la presse en Côte d’Ivoire est passé de 6 milliards à 2 milliards de F CFA. La chute est de 62%. Pis, les 20 quotidiens imprimés tirent aujourd’hui moins de 15.000 exemplaires par jour. Ce qui dénote que les lecteurs ont tourné le dos au journal imprimé », a fait remarqué le président Samba Koné. Face à ce sombre tableau, l’ANP Academy a décidé de s’intéresser au contenu des journaux, de faire connaitre les causes endogènes et exogènes de cette polarisation du journalisme politique, etc. A travers le thème, « Journalisme : entre professionnalisme et militantisme », l’ANP Academy a réuni autour d’une table, deux journalistes, Charles Sanga, directeur de Publication de « Le Patriote », proche du pouvoir et César Etou, directeur de publication de »la Voie Originale », proche de l’opposition et un universitaire expert. Si les deux journalistes professionnels avouent être des militants de parti politique, ils ne mettent pas en cause leur professionnalisme dans l’exercice de leur métier. « Je suis journaliste professionnel et militant du RHDP. Je l’assume. Etre journaliste professionnel et militant politique n’est pas le problème. Le problème se situe au niveau de la déontologie. Est parce qu’on est journaliste et militant politique que nos écrits entravent la vente de notre journal ? Non ! », a déclaré le DP de Le Patriote et maire de Tafiéré. A sa suite, César Etou révèle que l’indépendance du journaliste professionnel et militant politique est limitée par la ligne éditoriale. Pour le patron de La voie Originale, le journaliste doit véhiculer l’information, la vérifier et faire preuve d’honnêteté, de professionnalisme. Prenant le contre-pied de ceux qui accusent les journalistes professionnels et militants politique d’être responsables de la chute ou la mévente des journaux, César Etou prend les exemples de journaux culturels et de sport qui ont disparu. Il affirme que les journalistes de ces organes de Sport ou de culture ne font pas apparaitre leur militantisme politique dans leurs écrits. Pourtant ces journaux ont disparu pour mévente.
Docteur Sidiki Bamba ne partage pas cet avis et affirme que militantisme et professionnalisme sont incompatibles. « Le professionnalisme se caractérise par le respect sacro-saint du métier. Difficile d’être militant et journaliste professionnel. Le principe édité par la profession est le code de déontologie. », a-indiqué docteur Bamba Sidiki. Dans les interventions, le président de l’Olped, Zio Moussa a indiqué que le journaliste militant politique est dépendant de son parti politique. Il a cité en exemple le génocide Rwandais, la crise Ivoirienne de 2002. Raphaël Lakpé, ex-président de l’ANP a rappelé que tout écrit journalistique est dans le contenu, dans la façon dont on traite l’information. Il a ajouté pour dire que les règles de la profession de journaliste doivent primer sur le militantisme. « respecter les règles de la profession »,a-t-il conseillé.
Plusieurs sommités de la presse Ivoirienne dont Raphaël Lakpé, Bamba Alex Souleymane, Zio Moussa, Denis Messan, (…), des journalistes, et des étudiants en journalistes ont assisté à cette première session 2022.
Au terme de la session de sensibilisation et de renforcement de capacité des journalistes, Mme Agnès Kraidy, journaliste professionnel a exhorté les journalistes à plus de professionnaliste dans leur métier.
S.A.S
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