Côte d’Ivoire-Abidjan-Politique nationale-La transhumance politique/Vers une loi parlementaire pour y mettre fin ?

La transhumance désigne la migration périodique des troupeaux à la recherche d’espaces plus favorables à leur sustentation et à leur épanouissement. Transposée à la vie politique, elle renvoie à l’attitude de l’homme politique qui migre d’un parti politique auquel il appartient au moment de son élection vers un autre parti, pour des intérêts personnels. La transhumance politique ou nomade politique s’observe également chez des personnes qui se présentent comme des candidats indépendants et qui, une fois élu, migre vers un parti politique pour ce qui est du scrutin local (législatif, Sénatorial).  Les élections législatives de Mars 2021 en Côte d’Ivoire ont enregistré une transhumance politique record (migration des indépendants vers un parti politique). C’est ainsi à chaque élection locale.

Pour ce qui est des élus indépendants aux législatifs de mars 2021, ils étaient 35 indépendants élus.18 indépendants ont rallié le RHDP et 2 indépendants le PDCI lors de l’ouverture de la session parlementaire du 1er avril 2021. Le constat est le même aux élections municipales. En effet, 25 conseils municipaux et un Conseil régional élus sous l’étiquette d’indépendants lors des élections locales du 13 octobre 2018 ont rejoint les rangs du  Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, coalition au pouvoir). Avec ces premiers ralliements, le RHDP a obtenu 117 mairies  sur 201 mairies et 19 conseils régionaux sur 31 régions. Quand est-ce que le peuple comprendra que certains élus locaux se servent d’eux pour atteindre leurs objectifs. Quand est-ce que le Parlement prendra une loi pour mettre un terme à cette escroquerie morale ? « Les nomades politiques  ne sont pas conscients de l’amour que le peuple leur a apporté.  Ils se disent, si je ne suis pas avec le parti au pouvoir, j’ai des projets que je ne pourrai pas exécuter. Si je ne suis pas avec le parti au pouvoir j’ai fait des détournements, je ne serai pas protégé.  Ce sont des choses qui n’ont rien à avoir avec la question de développement. Un maire est un acteur de développement et non un politique. Le député envoie les messages de la république au peuple. Cette transhumance ou le nomade politique est une escroquerie morale, de malhonnêteté intellectuelle. Les moyens de l’état n’appartiennent pas au président de la république. C’est pour l’Etat de Côte d’Ivoire. Le président de la république doit mettre les moyens à la disposition de toutes les régions du pays sans exception aucune. Le président de la république doit se dire que le développement intégral du pays est son devoir », rétorque l’ex-Ambassadeur. Le phénomène de transhumance politique pose à la fois des problèmes d’ordre éthique, moral et juridique sur la portée desquels les opinions divergent doit être l’objet d’un projet de loi des parlementaires.

Pour C.D, habitant de Dabakala joint au téléphone, « ce n’est pas normal. Certains candidats tiennent compte des réalités sociologique pour se présenter soit candidat indépendant, soit candidat d’un tel ou tel parti politique. Quand ils sont élus, ils ne consultent plus le même peuple qui les a élus et décident de s’engager sous une autre bannière. Cela engendre parfois une rupture  de confiance avec la population », confie C.D.

Alors question. Faut-il contraindre  par une loi au parlement  les candidats indépendants  qui convergent vers un parti politique une fois élu à rester indépendants  jusqu’à la fin de leur mandature ? Vouloir le faire devrait-il contraindre cet élu au travers d’une loi à démissionner ?

En 2016, après les multiples dénonciations dans la presse à propos du phénomène de la transhumance politique, les populations de Farmana au Burkina Faso, se sentant trahies par ceux en qui elles avaient placé toute leur confiance, étaient descendues dans les rues pour manifester leur mécontentement et exiger la démission de leurs mandataires, quand ces derniers s’apprêtent à déposer armes et bagages dans un  parti sans consulter cette population. Loin d’être une bonne stratégie politique, ce phénomène, qui reste la distraction favorite de certains hommes politiques,  est d’envergure, mais honteux. La transhumance politique demeure un véritable goulot d’étranglement à l’évolution de la jeune démocratie. Il faut arrêter de ruser avec le peuple.

Source : Le Nouveau Regard

 

 

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