Côte d’Ivoire-Interview/ Babily Dembélé (pdt de l’APR) avertit: ‘Les manoeuves judiciaires sont utilisées par tous les pouvoirs en Afrique” “Thiam et le PDCI seront conftontés aux attaques du RHDP” Ce qu’il dit de Bédié, Gbagbo, Tidjane Thiam, de l’ivoirité,…

Vous êtes président d’un parti politique, l’Alliance pour la République (APR), anciennement le Congrès Ivoirien pour la Démocratier et la Paix (CIDP). Comment se porte votre parti?

L’APR se porte bien malgré le temps d’emprisonnement, malgré les turbulences politique en Côte d’Ivoire, malgré tout ce qui est anti démovratique en Côte d’Ivoire. Notre voix se fait souvent entendre. Les militants et autres se portent bien. Nous espérons que l’année 2024 portera ses fruits par rapport à toutes nos activités.

Que voulez-vous dire par l’APR se porte bien?

Le 21 octobre 2020, j’ai subi un enlèvement spectaculaire, c’est le mot qu’il faut, pendant que j’étais à mon bureau, sur dénonciation de deux proches. Comme quoi, j’aurai acheté des armes pour les distribuer aux démobilisés et renverser le régime en place. J’ai donc été arrêté pour trouble à l’ordre public. A l’époque, les opposants que nous sommes avions été arrêtés pour être jeté en prison. J’ai été écroué onze (11) mois durant en prison. Tout le temps que j’ai passé à la Maca (ndlr: prison), le parti a pris un coup. Les militants ont été gagnés par la peur. Après ma sortie de prison, le juge m’a indiqué que je suis sous controle judiciaire. Et pourtant, les magistrats ont trouvé que mon dossier était vide et que c’était une fausse accusation.
Vous savez, en politique, tout est possible. Les fausses accusations. Quand on veut détruire quelqu’un, quand on veut atteindre à l’honorabilité, à la personnalité, à la dignité de quelqu’un. Tout cela fait malheureusement partie de la politique. Quand on veut devenir grand, la prison est un passage. Nous avons subi des coups durs mais nous tenons encore bon.

Avec tout ce que vous avez subi, avez-vous bénéficié du soutien de certains alliés? Lesquels? Et de quel obediance politique êtes-vous?

Nos alliés naturels se sont les partis politique d’obediance socialiste. Tous les partis politique de l’opposition sont mes alliés. Personnellement, mon allié naturel, c’était le PDCI dont je suis un digne fils dans ce pays. La région Sénoufo dont je suis issu, est fondateur du PDCI en Côte d’Ivoire.Ce peuple a apporté tout le soutien au PDCI et au président fondateur de ce parti, le président Félix Houphouët Boigny. Nous sommes les dignes fils du PDCI. La grande maison est le PDCI.

Parlant du PDCI, vous avez été, à une époque, conseiller du président Henri Konan Bédié, alors au pouvoir. Que retenez-vous de cet homme?

Politiquement, j’ai approché le président Henri Konan Bédié en 1994, lorsque nous avons créé le mouvement Cercle National Béfié (CNB). Je l’ai pratiqué de façon régulière. De 1994 jusqu’en 1999 où il y a eu le coup d’état du 24 décembre 1999. C’est un grand homme. Un monsieur qui aime son pays, la Côte d’Ivoire. Le président Bédié avait une culture de paix très élevée. C’est un monsieur qui aime l’Homme. Le président Bédié avait de grandes ambitions pour son pays. Malheureusement, ces ambitions ont été écourtées par un coup d’état en 1999. J’ai beaucoup appris auprès du président Bédié. La preuve, il m’a nommé en 1995, conseiller spécial en charge des partis politiques, des cultes et de la société civile. Mon patron direct, c’était le ministre Léon Konan Koffi. J’ai beaucoup appris auprès de cet homme d’état. Bédié est une partie de moi-même. J’ai une admiration très folle pour lui. Il part, laissant la Côte d’Ivoire orphéline. Orphéline parce que la paix a foutu le camp. On a un récul de la démocratie. Les Ivoiriens vivent chaque jour dans l’angoisse et la peur. Bédié nous rassurait sur toutes les lignes, sur tous les plans. C’était un grand homme d’état.

Vous venez d’affirmer que vous étiez un proche du président Bédié. Quelques années après sa chute, on vous a vu aux côtés du président Gbagbo. Est-ce à dire que vous séchiez votre habits où le soleil brille, pour parler comme l’autre?

(Rires). Pas du tout. Je suis sincère dans mes relations. Laurent Gbagbo est un frère. J’ai connu Laurent Gbagbo quand j’étais étudiant à l’Academie des Sciences de Paris, en France. Un monsieur que j’ai pratiqué régulièrement entre 1988-1990. Mon intime ami à l’époque était Opeli Boniface, son petit-frère. Opeli Boniface était le patron de la SGBCI d’Abobo. J’étais à la BAD comme expert.
Laurent Gbagbo est un frère. En 2002, je me rends à Paris en France. La crise déclenche qielques jours après. Il m’a demandé de rester en exil parce que la situation du pays était très trouble. En 2007, il a pensé à moi et a envoyé Mme Lombardo, sa conseillère, une Française à l’époque, et l’Ambassadeur d’Angola, à l’époque, Beli-Belo, me rencontrer à Bamako, au Mali. Ils m’ont dit que le président Gbagbo voulait que je rentre au pays. C’est ce que j’ai fait. Une fois au pays, le président Gbagbo m’a nommé le représentant spécial de la Côte d’Ivoire auprès des pays arabe. Un poste qui est au dessus de celui d’un Ambassadeur.
J’étais dans une fonction d’état. C’est important de le mentionner. Sous le pouvoir actuel, les gens confondent le poste ministériel à un parti politique. La fonction ministérielle, d’ambassadeur, c’est une fonction étatique, qui n’a rien avoir avec les conditions fraternelles, politiques. On observe que quand les gens sont nommés ministre, on fait l’appologie pour plaire au patron. J’étais en mission pour la république de Côte d’Ivoire. Le président de la république était Laurent Gbagbo. Cela va de soi que je fasse la politique internationale pour Laurent Gbagbo. Ce monsieur est un frère.

On raconte que vous avez contribué à l’époque à la baisse du coup du Hadj. C’est bien ça?

Absolument! A la simple demande formulée auprès du président, pour que le coût du Hadj, en 2008-2009, qui était de 3 millions de francs CFA, soit revu à la baisse, le président a demandé à voir les leaders religieux musulmans pour des échanges. Il y avait à la rencontre, feu Boikary Fofana, feu Idriss Koudouss. Quand il nous a reçu, le président n’a pas hésité à prendre en charge, la moitié du Hadj. C’est à dire au lieu de débourser 3 millions de francs pour effectuer le Hadj, l’état payait la moitié pour chaque pélerin. Ce qui revenait à 6 milliards de francs. A l’époque le coût du Hadj coûtait 12 milliards de francs CFA. C’est le président Gbagbo qui a fait cette remise importante à la commuanauté musulmane.

Le président Alassane Ouattara avait demandé que Bédié, Gbagbo et lui (Ouattara) se retirent de la course au pouvoir pour laisser la place à une nouvelle génération. Bédié décédé, Gbagbo encore sous le coup d’une condamnation non levée, pensez-vous que le président Alassane Ouattara va laisser la place à la nouvelle génération?

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Je suis d’une culture purement traditionnelle. C’est la parole qui fait l’homme. Je prends le président Alassane Ouattara aux mots. Il a dit, ”donnez-moi un seul mandat de 5ans. Il a fait 5ans. Quand il a fait le pont HKB, le président Bédié a déclaré que ce pont mérite un second mandat. Il n’a pas refusé. S’il avait dit cinq ans, que Bédié lui propose 5ans de plus, à sa place, je lui aurais dit, président merci. La parole fait l’homme. Il n’a donc pas respecté sa parole. A l’approche de la présidentielle de 2020, on s’attendait à ce que le Premier ministre Amadou Gon soit le candidat du parti au pouvoir quand Dieu en a décédé autrement. Amadou Gon Coulibaly est décédé. A la surprise générale, le président Alassane Ouattara décide d’être candidat, contre toute forme constitutionnelle.
Quand il affirme qu’ils vont se retirer, je me demande s’il faut le croire. Puisque par le passé, il a fait des promesses qu’il n’a pas tenu. Est-ce qu’il faut le croire? Dans tous les cas, à un moment donné de la vie, qu’on le veille ou pas, on se retire de toute activité. Le poids de l’âge va s’imposer à nous. Il arrivera un moment donné que Dieu décidera de la retraite du président Alassane Ouattara. Parce qu’il n’aura plus la force, la tranquilité pour diriger ce pays. C’est la volonté de Dieu qui s’imposera. Dieu a décidé autrement, Bédié est parti. Laurent Gbagbo malgré toutes les turbulences politiques, est encore vivant parmi nous. Laissons les choses se dérouler. En démocratie, c’est d’abord la promesse tenue, l’engagement personnelle politique. Ensuite tenir compte de l’environnement politique.
Ils ne tiendront pas à leur parole. Quand en 2010, le président Alassane dit, donnez moi 5 ans, on lui a donné 5 ans. Il en a pris dix. Contre toute forme constitutionnelle il s’est présenté en 2020, ce qui a suscité beaucoup d’angoisse, beaucoup de morts, des emprinnements, beaucoup d’exilés. Je dis que laissons tout le monde se présenter. Je ne souhaite plus qu’on parle d’âge.Serons nous en paix si tout le monde se présente à l’élection présidentielle? A l’encompte de la démocratie, si nous pouvons avoir la paix, je préfère cela. Le président Houphouët disait qu’il préfère l’injustice au désordre. Au rythme où on va, on risque de retomber dans le désordre.Je préfère l’injustice. Qu’on ne parle plus de la constitution, de droit. Celui qui a la force de se présenter, qu’il le fasse. Nous nous sommes trop contredits dans notre constitution. sI Gbagbo, Ouattara veulent se présenter, allons-y pour éviter une autre crise à la Côte d’Ivoire.

Le PDCI après un report de son congrès par le pouvoir judiciaire, a finalment tenu son congrès extraordainaire qui a porté Tidjane Thiam à la tête du parti. Quels commentaires faites-vous de l’élection du ministre Tidjane Thiam comme nouveau président du PDCI-RDA?

Nous sommes tous les enfants d’Houphouêt Boigny, tous des enfants du PDCI-RDA. Ce parti a donné naissance à la Côte d’Ivoire. Le PDCI a marqué son histoire. (…). Houphouët a mené un combat pour la liberté politique et démocratique en Côte d’Ivoire avec le PDCI. La marche organisée avec les femmes sur Bassam. C’était un homme au grand coeur. Le président Houphouêt a fait supprimer les travaux forcés. (…). Ce sont de grands signes.
Le développement agricol rime avec le nom d’Houphouêt Boigny. Le syndicat agricol qui est l’oeuvre d’Houphouêt Boigny a permis d’accéder à une indépendance économique.
Dans la trajectoire,Houphouêt a obtenu une indépendance politique avec le Général De Gaulle. En 1960, il est devenu le président de la république de Côte d’Ivoire.
Certes, le parcours du président Houphouêt avait été jalonné de certains faits malheureux comme la guerre du sanwi, la guerre du Guébié, l’arrestation du docteur Mamadou Koné (…).
Houphouêt avait une famille. L’une des nièces du président Houphouet s’est mariée à Amadou Thiam. ancien directeur général de Fraternité Matin, brillant ministre de l’Information sous Houphouêt ensuite ambassadeur de la Côte d’Ivoire au Maroc. C’est son fils qui est Tidjane Thiam que les Ivoiriens connaissent bien. Tidjane Thiam a fait ses études en Côte d’Ivoire avant d’aller étudier en France. Il a été ministre sous Bédié. De façon biologique, Tidjane Thiam est Ivoirien.
Sous le président Houphouêt, il ya eu des Sawadogo, des Cissoko ministre, (…).Tidjane Thiam a la reconnaissance politique. Son élection rentre dans la vie politique du PDCI. Ensuite dans la droite ligne de la politique familiale d’Houphouêt Boigny. Deux choses différentes.
l’arbre de dialogue et de paix qu’était Houphouêt Boigny, je dirai à mon petit frère Tidjane Thiam d’être un homme de dialogue et de paix. S’il le fait, il grandira et, bien attendu en 2025, i sera élu et sera un grand président.

Le disant, voudriez-vous dire que Tidjane Thiam a des chances de devenir le prochain président de la Côte d’Ivoire?

Il a toutes les chances de devenir le prochain président de la république. Je le prophétise. Tidjane Thiam est plus jeune que Ouattara et Gbagbo.

Voulez-vous insinuer que la grande peur du pouvoir, sont la conséquence des manoeuvres judiciaires qui ont ocassionné le report du congrès extraordinaire du PDCI,

Les manoeuvres judiciaires sont souvent utilisées par tous les pouvoirs en Afrique. L’affaire de Ousmane Sonko au Sénégal, en prison, en est la preuve. Ce sont des manipulations politique. En 2020, nous avons été arrêtés et emprisonnés. Nous avons été accusés d’avoir acheté des armes, de trouble à l’ordre public. Où sont les preuves? Il fallait instrumentaliser la justice pour empêcher l’opposant politique à grandir. Le PDCI sera confronté aux attaques du RHDP.

Peut-on s’attendre à voir un PDCI fort, des militants mobilisés avec l’élection de Tidjane Thiam?

Le PDCI a été fragilisé par le coup d’état du 24 décermbre 1999. Le PDCI a ensuite été fragilisé par la mort du président Bédié. Un fils arrive. Il a les mains suffisamment propres. Il n’est mêlé à quoique ce soit. Ni à une crise de guerre politique. Je pense que les Ivoiriens ont besoin de quelqu’un qui soit en dehors de toute sorte de crise et Tidjane Thiam en est un exemple. Des cadres du RHDP notamment le ministre Mamadou Touré dit que Tidjane Thiam va bénéficier du combat ivoiritaire d’Alassane Ouattara. Comment des gens qui n’ont rien appris traite de la question Ivoiritaire. Je suis membre fondateur de l’Ivoirité. C’était un concept purement culturel. Quand les gens n’ont pas d’argument ou qu’ils ne connaissent pas l’histoire d’un pays, qu’ils sont à un poste ministériel, ils pensent que tout est permis. Je dis attention! Une nation, c’est une histoire. Dire que Tidjane Thiam est Sénégalais, je leur dis attention. L’accès à la nationalité Ivoirienne dit qu’il faut avoir un parent Ivoirien. ça n’a pas encore changé. Incontestablement, Tidjane Thiam a une mère Ivoirienne. Je connais toute sa famille, son ainé Aziz. Ce sont des débats de bas niveau qu’il faut éviter pour ne pas qu’on retombe dans une autre crise. Qu’on se regarde comme frère et qu’on aille à une élection libre.

Le nouveau président du vieux parti s’engage à reposionner le parti dans le nord. Pense-vous que le Pdci a les chances de revenir fort dans le nord de la Côte d’Ivoire?

Le nord de la Côte d’Ivoire est une partie intégrante du PDCI. Houphouêt Boigny a tiré ses sources, tout son talent politique dans le pays Sénoufo. Il suffit de dire au nord que le PDCI est de retour pour que le nord se souvienne, se reveille pour le PDCI. La main du nord est dejà tendue au PDCI. Il suffit de la saisir. Si Tidjane Thiam a su créer un environnement politique fort, il va de soi que le PDCI deviendra fort dans tout le nord.

Depuis votre sortie de prison en septembre 2021, vous êtes sous contrôle judiciaire. Etes-vous concerné par la levée du contrôle judiciaire de vos ex-co-détenus, Guikahué et Affi Nguessan?

Si nous sommes dans un pays de droit, pour les mêmes délits, on ne peut pas lever le contrôle judiciaire d’un groupe et ne pas le faire pour un autre. Je me considère désormais comme quelqu’un dont la sanction est levée. Je dis merci au pouvoir pour cette décision. Houphouêt disait que la politique est l’art de l’amour, de conquérir le pouvoir avec beaucoup de tolérance, l’art de la souplesse. Il faut se pencher vers nos frères, les pro Gbagbo, en prison depuis plus de dix ans pour les uns, un peu moins pour d’autres. Il faut les libérer. Contrairement ce qui se dit, des Ivoiriens sont encore en exil. Il faut faire en sorte qu’ils rentrent tous. Il faut créer les conditions de paix dans le pays. Si nous nous tirons encore dessus, on risque de replonger dans une situation regretable.

réalisée par SAN AUBIN

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