Côte d’Ivoire-Interview/Honoré Kouamé Gbondo (Président de la plateforme TFA)/« Nous avons des cadres capables pour la transformation»
Vous avez lancé une plateforme dénommée ‘’Tous Frères et Associés’’ (TFA). Cette plateforme prône depuis deux ans, le développement économique de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique, par le moyen de la transformation industrielle locale des matières premières. Qu’en est-il du bilan de vos actions de sensibilisation menées sur le terrain ?
La plateforme TFA mène des actions depuis 2018,. Cette organisation sensibilise les gouvernants et les populations ivoiriennes sur la nécessité d’adopter la transformation locale de nos matières premières et la mise en place d’une politique favorable à l’émergence des champions ivoiriens dans l’industrie agro alimentaire. Pour faciliter la tâche à nos gouvernants, nous avons conçu un concept économique, tiré de la vision économique du père de la Côte d’Ivoire moderne, Félix Houphouët-Boigny, s’inspirant des modèles économiques à succès (Corée du Sud; Singapour; Malaisie; Dubaï; etc.) et prenant en compte la nouvelle vision de l’industriel et économiste franco chinois, Thierry Tan.
Ce concept économique baptisé #VNC, c’est à dire #Vision #Nationale #Commune a été présentée officiellement aux ivoiriens au cours d’une cérémonie d’hommage à Houphouët-Boigny que nous avons organisée le 04 novembre 2021.
La plateforme TFA est dans l’action et non dans le silence. Notre bilan est plus que positif. Le Premier ministre ne parle que de transformation locale de nos matières premières. Nous assistons de plus en plus à l’inauguration d’usines.
Le gouvernement Patrick Achi parle de l’urgence de créer des usines de transformation locale des matières premières. Il encourage par conséquent les projets d’investissements. Si bien que le 2 avril dernier, le Premier Ministre a lancé à Aboisso, le projet des chaines des valeurs compétitives pour l‘emploi et la transformation. Quelle commentaire ?
Les actions de notre plateforme TFA ont permis ce revirement à 360 degrés du discours de nos dirigeants et votre plateforme s’en réjouit. L’objectif est mis sur la transformation locale comme l’a toujours recommandé notre organisation.
Cependant, je crains que cette révolution industrielle en Côte d’ivoire ne se fasse sans les ivoiriens et contre les ivoiriens.
Le concept économique VNC (Vision Nationale Commune) de la TFA recommande trois points cumulatifs dont la mise en œuvre doit être concomitante.
1) La transformation locale de nos matières premières, nos vivriers et nos plantes médicinales
2) La détaxe ou duty free qui est un système de simplification de nos fiscalités.
3) La déréglementation administrative et l’appui financer et l’accompagnement des nationaux.
Le gouvernement se limite au premier point en négligeant les autres. C’est dommage!
Le gouvernement n’implique pas les organisations comme la nôtre dans la mise en place de ces politiques visant la transformation structurelle de notre économie. Le 04 novembre dernier, le Premier ministre et d’autres ministres ont été invités. Aucun membre du gouvernement n’a honoré notre invitation. Nous avons une demande d’audience sur la table du Premier ministre qui reste sans réaction de sa part. J’ai très peur pour l’avenir des ivoiriens.
On endette les ivoiriens à coût de centaines de milliards pour des projets sans impact réel dans leur quotidien. Qu’est ce devenu l’agropole de Yamoussoukro? Que sont devenus tous les projets de transformation de l’anacarde? Ce nouveau projet des chaînes de valeurs compétitives pour l’emploi et la transformation en quoi consiste-t-il? Que doit retenir le planteur quant à l’amélioration de ces conditions de vie? Nous avons fait des dons de kits scolaires aux enfants des planteurs de Tiassalé l’année dernière au vu de la souffrance et de la misère de nos parents.
Nous demandons au premier ministre de nous accorder une audience pour que nous lui livrions notre concept économique pour le bonheur des ivoiriens. Et surtout nous demandons au gouvernement d’impliquer notre organisation dans la mise en place de ces projets.
JB Food Limited, une holding d’investissement non ivoirienne a lancé récemment les travaux de construction de son usine de traitement de cacao, dans la zone industrielle de Pk-24, à Adzopé. Est-ce de cela que vous parlez, ou bien la Vision de TFA est différente ?
En partie oui, mais la vision TFA va au delà.
Pour vous, y a-t-il danger de construire avec les investisseurs étrangers ? Si oui, que court la Côte d’Ivoire, en acceptant que des multinationales interviennent dans la mise en place des usines de transformation locales ?
La Côte d’ivoire et les ivoiriens courent un grand danger en laissant uniquement entre les mains des multinationales étrangères leur revolution industrielle. Je m’explique.
La chaîne des valeurs du cacao, par exemple, représente 60.000 milliards de francs CFA. Dans cette somme, les producteurs que nous sommes, ne tirons que 5%, les broyeurs 8%, les transformateurs au finish (chocolat et produits cosmétiques) reçoivent 44% et la chaine de distribution et commercial 43%. Aujourd’hui, les multinationales étrangères qui s’installent pour le cacao font essentiellement du broyage. Cela veut dire que les 8% de la chaîne de valeur nous échappe encore car rapatrié par la multinationale. Nos planteurs ne bénéficieront pas de si tôt d’amélioration du prix de leurs produits. Car l’acheteur étranger imposera toujours son prix. En outre, notre économie sera toujours dépendante de l’endettement.
Alors, c’est quoi la solution de TFA ? On espère qu’on ne traitera pas de fauteur de trouble ou d’incitateur à la révolte ?
Il est urgent que nos autorités politiques tout en recevant les grands groupes étrangers, aident les nationaux à la mise en place d’un grand groupe industriel à capitaux ivoiriens pour la transformation locales de nos matières premières. Et que le gouvernement soutienne les industriels ivoiriens à tenir la compétition avec les grands groupes étrangers. Sinon le corpus industriel ivoirien part à la compétition les pieds et les mains liés.
Si parler en faveur des ivoiriens ou demander l’implication des ivoiriens dans leur revolution industrielle encours, c’est troubler l’ordre public, alors que les gens me traitent comme ils veulent. Car tant que les planteurs ne connaitront pas une amélioration de leur condition de vie; tant que notre économie ne s’inscrira pas dans la durabilité, je parlerai.
Jusqu’où ira TFA, si la cause ne serait pas entendue ?
Je pense que la cause est déjà entendue. Il faut inviter le gouvernement à plus d’effort pour le bonheur des ivoiriens. Nous appelons les ivoiriens au sursaut pour une révolution industrielle durable et profitable à tous en vue d’une prospérité partagée en Côte d’ivoire.
J’invite les ivoiriens à nous rejoindre dans cette vision VNC en s’inscrivant massivement dans l’Elan National Citoyen que nous venons de lancer. Merci
Réalisée par
V.K
Chine désormais premier producteur mondial d’attiéké.
Avec une production de plus d’un million de tonnes par jour, la chine est désormais le premier producteur mondial d’attiéké. « Ces derniers jours, écrit Jeune Afrique, l’information s’est répandue comme une traînée de poudre sur la lagune Ebrié : réputée premier consommateur africain d’attiéké, la Côte d’Ivoire ne serait plus le premier producteur mondial de ce couscous de manioc, celui-là même qui était effectivement en voie de pénurie, ces dernières semaines, en Afrique de l’Ouest. Crime de lèse-majesté gastronomique : la première place reviendrait à la Chine. » Relayé par plusieurs médias ivoiriens, l’information est aussi confirmée par François Zako, promoteur ivoirien de plusieurs salons d’exposition, l’Empire du milieu consacre désormais de grandes étendues de plantations à la racine tubérisée et qu’il a développé une technologie performante de transformation du manioc en attiéké. » En effet, la floraison des plantations de manioc en Chine et la technologie de pointe qui y accompagne inquiètent le promoteur Ivoirien. La Chine consomme et exporte l’attiéké. Pour Jeune Afrique, cela devrait créer «un sursaut d’orgueil ivoirien aux fins de répondre à un rappel historique : comme le maïs, la tomate ou le tournesol, le manioc est un don de… l’Amérique pré-colombienne à l’agriculture mondiale. Que l’Histoire concède au moins que l’invention de l’attiéké aura été une contribution ivoirienne.»
S .A
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