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Côte d’Ivoire (Bouaké)-Séminaire international sur la bioéthique/L’UNESCO déclare les vaccins contre la COVID-19 le statut de bien public mondial

A cette occasion, Dr. N’Golo Aboudou Soro, le Secrétaire Général de la Commission nationale ivoirienne pour l’UNESCO a lu le discours du professeur Mariatou Koné, Ministre de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation, par ailleurs, Présidente de la Commission nationale ivoirienne pour l’UNESCO. La conférence inaugurale sur le thème : « Les principes axiologiques de l’UNESCO et la quête d’une diplomatie vaccinale bio-éthiquement galbée » a été prononcé par le professeur Lazare Poamé, titulaire de la Chaire UNESCO de bioéthique. Lire l’intégralité de la conférence.

 

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En référence à l’injonction platonicienne, gravée au fronton de l’Académie et bien connue sous cette formulation, « Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre », nous sommes tenté de déclarer, eu égard à la thématique de ce séminaire et au contexte mondial actuel, «Que nul n’entre ici, s’il n’est vacciné».

Mais vacciné contre quoi ? La réponse à cette question est d’une évidence trompeuse, car il s’agit d’être vacciné, non pas contre la Covid, mais contre les idées reçues de la doxa sur les vaccins anti-Covid. Les idées les plus répandues en Afrique sont celles-ci : « Le vaccin vise à freiner la démographie galopante des pays africains par la mortalité précoce» ;  « Le vaccin contient des nanopuces qui permettront aux États de contrôler électroniquement les citoyens » ; « Le vaccin provoque des maladies invalidantes ». Enfin et c’est ce qui préoccupe bon nombre d’Africains interrogés sur ce sujet, « le vaccin rend stérile ».

En effet, il s’est développé, depuis près d’un an, une doxologie ambiante propre à faire douter de la science et de ses résultats concernant les vaccins contre la Covid. En témoigne le titre de cet ouvrage du Dr Suzanne Humphries et de Roman Bystrianyk, paru en 2021 : Vaccination. La grande désillusion.

Et pourtant, malgré cette doxologie ambiante, doublée d’une désillusion légitime (si l’on se réfère aux effets secondaires réels des substances inoculées), pour endiguer la pandémie, qui n’épargne aucun pays du globe, presque tous les regards se trouvent tournés vers le vaccin ou devrions-nous dire les vaccins. Vaccins classiques, contenant pour l’essentiel, la forme atténuée du virus et vaccins modernes à ARN, issus des développements du génie génétique et de la biologie moléculaire. Dans le recours à ces vaccins, qui s’est mué en course urgente au vaccin, les questions liées à la production et à l’accès au vaccin ont pris un tour diplomatique. La pandémie du Covid-19 a ainsi accouché de plusieurs vaccins nationaux (américain, chinois, russe, allemand) et d’une idée diversement exprimée dans les milieux intellectuels, la diplomatie vaccinale ou la diplomatie du vaccin. Cette forme de diplomatie a la particularité de structurer la politique étrangère vaccinale et les stratégies de défense des droits des nationaux à la vaccination.

En effet, alors que la planétarisation de cette pandémie avait suscité l’espoir d’une riposte mondiale concertée autour d’un vaccin, l’on assiste plutôt à une diplomatie vaccinale marquée du sceau du déploiement de stratégies disparates qui se gaussent de la quête d’un principe unificateur autour de l’ethos de la lutte anti-Covid. Écoutons, à ce sujet, Le Président français Emmanuel Macron :

Il va y avoir une diplomatie du vaccin, c’est-à-dire que chacun va vouloir brandir son drapeau en disant ‘’c’est moi qui l’ai trouvé’. […] Il faudra être vigilant là-dessus. Et faire attention : est-ce que toutes les règles scientifiques et les diligences auront été faites ? Ce sont nos scientifiques d’État qui peuvent le dire et ceux de l’OMS, parce qu’ils n’ont pas de conflit d’intérêt (Le Grand Continent, 12 nov. 2020).

Si la diplomatie vaccinale se joue de l’éthique, quelle est la logique qui la sous-tend et que sommes-nous en droit de faire valoir comme principes spéculatifs des Déclarations de l’UNESCO relativement aux jeux et enjeux de cette diplomatie? La réponse à ces interrogations doit s’affranchir de la déclinaison des principes axiologiques de l’UNESCO contenus dans la Déclaration universelle sur la Bioéthique.

  1. AUTOUR DES PRINCIPES AXIOLOGIQUES DE L’UNESCO

Pour le sujet qui nous préoccupe, ce qui tient lieu de principes axiologiques de l’UNESCO est repérable sous deux registres distincts, mais complémentaires.

Le premier est le socle éthicologique constitué par les Déclarations universelles anti-covidiennes. Il s’agit de la Déclaration universelle sur le génome humain et les droits de l’homme publiée en décembre 1997 et la Déclaration universelle sur la bioéthique et les droits de l’homme, adoptée en 2005 par la 33ème Conférence générale de l’UNESCO. Cette dernière, qui a opéré une sorte de sursomption sur la première Déclaration, renferme la quasi-totalité des principes de bioéthique incluant le biodroit.

Quinze principes structurent cette Déclaration (UNESCO, 2005) :

  • Dignité humaine et droits de l’homme
  • Effets bénéfiques et effets nocifs
  • Autonomie et responsabilité individuelle
  • Consentement (Toute intervention médicale de caractère préventif, diagnostic ou thérapeutique ne doit être mise en œuvre qu’avec le consentement préalable, libre et éclairé de la personne concernée, fondé sur des informations suffisantes…).
  • Personnes incapables d’exprimer leur consentement
  • Respect de la vulnérabilité humaine et de l’intégrité personnelle
  • Vie privée et Confidentialité
  • Égalité, justice et équité
  • Non-discrimination et non-stigmatisation
  • Respect de la diversité culturelle et du pluralisme
  • Solidarité et coopération
  • Responsabilité sociale et santé
  • Partage des bienfaits
  • Protection des générations futures
  • Protection de l’environnement, de la biosphère et de la biodiversité.

Le second registre est constitué par la Déclaration conjointe des structures spécialisées de l’UNESCO, le CIB (Comité international de bioéthique) et la COMEST (Commission mondiale d’éthique des connaissances scientifiques et des technologies) sur la COVID-19. Prenant la pleine mesure de la pandémie et sur la base d’une appropriation pratique des valeurs que promeut la Déclaration universelle sur la bioéthique, le CIB et la COMEST ont élaboré une Déclaration publiée en mars 2020 sous le titre : Déclaration sur le COVID-19 : considérations éthiques selon une perspective mondiale.

Avec les Déclarations antécovidiennes de l’UNESCO (1997 et 2005), l’on peut faire valoir ici, directement ou indirectement, tous les principes renvoyant à l’être humain (individu, communauté et humanité entière) aujourd’hui pris dans les rets de la pandémie de Covid-19.

Ainsi, presque tous les principes énoncés ci-dessus peuvent être valablement évoqués pour mener une réflexion éthique sur les problèmes liés à la pandémie.

Quant à la Déclaration conjointe de l’UNESCO, produite en pleine pandémie (mars 2020) par le CIB et la COMEST, elle met sélectivement et contextuellement en lumière des articles de la Déclaration universelle des droits de l’homme et certaines recommandations du CIB. Elle a été précisément publiée sous le titre : Déclaration sur le covid-19 : considérations éthiques selon une perspective mondiale.

On retiendra de cette Déclaration conjointe  huit (8) points :

  1. Fonder les questions de santé et les questions sociales sur des preuves scientifiques solides.
  2. Instaurer un dialogue interdisciplinaire entre les acteurs scientifiques, éthiques, juridiques et politiques.
  3. Garantir l’accès aux soins de qualité.
  4. Assurer la protection des personnes vulnérables.
  5. Eviter toute forme de stigmatisation et de discrimination.
  6. Faire valoir harmonieusement à la fois le droit à la santé et les devoirs en matière de santé, surtout en situation de pandémie.
  7. Vérifier la fiabilité des informations diffusées sur la pandémie
  8. Développer une coopération et une solidarité internationales pour surmonter les égoïsmes nationaux.

Le dernier point est au cœur de la diplomatie vaccinale, devenue une préoccupation majeure, un enjeu mondial.

Attentive à cette préoccupation, l’UNESCO, à travers le CIB et la COMEST, demande que l’on confère aux vaccins contre la COVID-19 le statut de bien public mondial (24 février 2021). Une telle disposition présuppose la levée des brevets sur les vaccins. Elle est également encline à favoriser l’accès équitable aux vaccins, caractérisés, désormais, par un enjeu diplomatique multipolaire.

  1. LE VACCIN ANTI-COVID : UN ENJEU DIPLOMATIQUE MULTIPOLAIRE

De fait, les pays producteurs de vaccin ont trouvé en cette substance thérapeutique un instrument diplomatique à triple dimension : le protectionnisme vaccinal, l’expansion des zones d’influence et la maîtrise de l’industrie du vaccin.

Ici, se jouent à la fois la réputation ou l’image des pays qui auront réussi à relever le défi de la découverte d’un vaccin efficace contre la COVID-19 et la consolidation des relations diplomatiques nouées avec certains pays du monde. On a dit, à juste titre, que le vaccin est devenu une arme diplomatique, maniée habilement par les premiers pays l’ayant trouvé, notamment la Chine et la Russie. Le vaccin leur a, en effet, permis de renforcer les liens existants avec les États, mais aussi de nouer de nouvelles relations diplomatiques. Pour les pays qui n’ont pu le trouver, leur diplomatie vaccinale se développe à travers des stratégies liées au pass sanitaire, à la reconnaissance internationale des certificats de vaccination délivrés, à travers le monde,  par les États. Ou encore, à la politique d’accès au vaccin à moindre coût.

La diplomatie vaccinale, dans son déploiement, s’est accompagnée d’une diplomatie économique insidieuse, révélatrice des frasques de l’homo economicus dans les stratégies vaccinales.

Somme toute, les enjeux à la fois diplomatiques et économiques des vaccins mal maîtrisés ont contribué à accentuer les luttes d’influence et à disperser les stratégies vaccinales.

En observant la situation avec le troisième œil des Grecs, nous y voyons une des manifestations de ce que les philosophes de l’École de Francfort ont identifié sous le nom de Instrumentelle Vernunft, c’est-à-dire la raison instrumentale. Sa caractéristique principale est l’instrumentalisation de la nature et de l’homme lui-même, plus grave encore, la transformation insidieuse de l’éthique (destinée à sauvegarder le monde) en technologie.

Depuis les premières heures de la pandémie de Covid-19 à ce jour, on est passé de la diplomatie des masques à la diplomatie vaccinale sans chercher à débusquer rationnellement le réel masqué derrière ces formes de diplomatie.

La logique qui structure la diplomatie vaccinale est une logique propre à la rationalité stratégique, une rationalité à cheval entre deux types de rationalité : la rationalité instrumentale et la rationalité herméneutique. La première sert toutes les fins y compris celles contraires à l’éthique et la seconde est orientée vers l’intercompréhension.

Antoine Flahault, dans un ouvrage intitulé Covid, le bal masqué, invite « à prendre part à la danse de la pandémie de Covid-19 tout autour de la terre » (Flahault 2021) en martelant :

« La pandémie de Covid-19 a déferlé sur le monde à la manière du Boléro de Ravel. Sur un rythme et un tempo quasiment invariable, une mélodie uniforme, répétitive, diatonique, dans un lent crescendo orchestral marqué par le rythme des publications quotidiennes du nombre de nouvelles victimes, comme le son d’un macabre tambour relayé par les réseaux sociaux ».

La question qui nous paraît importante, ici, est de savoir qui mène la danse. Ce ne sont pas les États dits puissants et encore moins les individus, mais la raison instrumentale opérant sous le signe de la rationalité que les philosophes de l’École de Francfort ont qualifié d’erfolgsorientiert, entendez une rationalité orientée vers le succès. Il apparaît clairement  que l’archè de la diplomatie vaccinale est éthiquement faible. D’où la nécessité de le renforcer en le coulant dans le moule des principes axiologisés, à visée universelle.

Nous en arrivons ainsi aux jalons d’une diplomatie vaccinale éthiquement galbée.

  • JALONS POUR UNE DIPLOMATIE VACCINALE ÉTHIQUEMENT GALBÉE

Que faut-il entendre par l’expression « éthiquement galbée » ? Tout comme les jambes galbées qui affichent des courbes harmonieuses et avancent sans claudication, il s’agit de penser une diplomatie vaccinale affranchie de la logique de la domination, de la logique marchande et des calculs égocentriques qui contrastent avec les valeurs humanistes que l’UNESCO s’efforce de promouvoir dialogiquement en privilégiant l’alliance sacrée que constitue le triptyque Science – Technique – Société. On peut alors se demander comment se justifie bio-éthiquement l’obligation vaccinale dans le champ de la diplomatie vaccinale.

  • Les justifications bioéthiques d’une obligation vaccinale dans le champ de la diplomatie vaccinale

Il est rationnellement admis que le moyen le plus sûr pour enrayer la pandémie est de réussir à vacciner plus de la moitié de la population mondiale. Sur la base de ce présupposé rationnel, se sont  déployées des stratégies vaccinales locales et globales avec des justifications éthiques parfois sujettes à caution.

Du point de vue bioéthique, les justifications de l’obligation vaccinale mondiale peuvent être recherchées dans les principes d’universalisation, d’humanité, de bienfaisance et dans une certaine mesure, dans le principe de précaution.

Les principes d’universalisation et d’humanité, hérités de la philosophie allemande, notamment du kantisme, s’énoncent comme suit :

« Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle » (Kant).

Le philosophe allemand Hans Jonas  reformule le principe pour des raisons intraphilosophiques (critique de l’intentionnalisme et de l’anthropocentrisme) en ces mots : « Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre » (Jonas, 1990).

À cette universelle applicabilité des maximes, il faut adjoindre l’universelle acceptabilité que promeut Habermas en ces termes :

Chaque norme valide doit satisfaire à la condition selon laquelle les conséquences et les effets secondaires qui, de manière prévisible, résultent de son observation universelle dans l’intention de satisfaire les intérêts de tout un chacun, peuvent être acceptés sans contrainte par toutes les personnes concernées (Habermas, 1992).

Sur fond d’universalisme anthropocentré, le principe d’humanité s’énonce : « Agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de toute autre toujours en même temps comme une fin et jamais simplement comme un moyen » (Kant). Il implique le respect de la liberté d’autrui et de l’altérité, le refus de la chosification de l’être humain et de la protection du genre humain incarné dans chaque individu.

Le recours au principe de bienfaisance se justifie par le souci de préserver le bien-être individuel et collectif ainsi que la nécessité d’endiguer la pandémie. L’application mécanique de ce principe conduit souvent à des dérives autoritaires et / ou paternalistes faisant jouer la précaution contre l’autonomie et même la bienfaisance. Le principe de précaution peut s’appliquer sans heurt, dans le cas de la stratégie vaccinale, si l’on fait de l’obligation vaccinale une obligation morale sans feinte, accompagnée de tous les moyens de persuasion scientifiquement et éthiquement acceptables et de toutes les informations utiles, notamment les caractéristiques de chaque vaccin, les effets bénéfiques, les risques auxquels s’exposent les personnes non vaccinées, les résultats des études pilotes menées par un Comité d’éthique sur les personnes vaccinées. Nous disons bien sans feinte et cela, au regard de la stratégie vaccinale qui consiste à annoncer aux citoyens que la vaccination n’est pas obligatoire, mais qu’ils ont l’obligation de rester chez eux s’ils ne sont pas vaccinés, attendu que l’accès aux lieux publics est conditionné par la présentation d’un pass vaccinal ou d’un certificat de vaccination anti-covid.

Quant au principe de précaution, souvent confondu avec la prudence, il devra s’appliquer avec précaution sans donner dans le précautionnisme. Appliqué convenablement, le principe de précaution oriente la réflexion vers les risques potentiels et les éventuels dommages irréversibles chez les personnes candidates au vaccin. Ces personnes devraient elles-mêmes prendre la précaution de se faire établir un bilan de santé avant et après la vaccination pour faciliter les études sur le vaccin qui se poursuivent.

Que dire au sujet du protectionnisme vaccinal ? Sur cette question, il nous semble judicieux de convoquer la Macroéthique.

  • Sur la question du protectionnisme vaccinal : le recours à la Macroéthique

Dans un monde où le virus traverse, volens nolens, toutes les frontières, le protectionnisme vaccinal est un comportement éthiquement et scientifiquement inconséquent.

Si l’insuffisance de doses et l’application de la maxime qui veut que la charité bien ordonnée commence par soi-même semblent justifier le protectionnisme vaccinal, force est de souligner que rien, au 21ème siècle, ne justifie un égoïsme national. En effet, l’état du monde actuel est celui d’un village planétaire dont les quartiers, en interaction constante, appellent pour la résolution de leurs problèmes, une appréhension globale et globalisante. Cette approche a pour nom Macroéthique. La macroéthique est, selon l’expression de Karl Otto Apel, « Une éthique universelle, valable pour l’humanité tout entière. C’est l’éthique fondée sur des valeurs situées à l’échelle du destin de l’humanité ». Avant Apel, le problème de l’universalité de l’éthique avait été examiné par Kant à travers l’impératif catégorique kantien devenu célèbre, évoqué plus haut.

  • Sur la question de la maîtrise de l’industrie du vaccin

Il est important de souligner que la course à la fabrication de vaccins anti-covid et les mécanismes d’approvisionnement des États ne sont pas à l’abri des risques de corruption de tous ordres. Dans un Rapport des Nations Unies rendu public en octobre 2021, ces risques ont été identifiés comme suit :

  • Mise sur le marché de vaccins falsifiés et de qualité inférieure ;
  • Vol de vaccins dans les systèmes de distribution ;
  • Fuite de fonds d’urgence destinés au développement et à la distribution de vaccins ;
  • Népotisme et favoritisme
  • Corruption des systèmes d’approvisionnement.

Pour surmonter ces difficultés, le Rapport préconise, entre autres, les mesures suivantes :

  • Un comité spécialisé chargé de superviser les fonds d’urgence ;
  • Des critères de transparence pour l’achat de vaccins et pour l’identification des bénéficiaires prioritaires des vaccins ;
  • Des systèmes de stockage sécurisés ;
  • Conduite d’évaluation des risques de corruption ;
  • Renforcement de la participation de la société civile ;
  • Protection des journalistes et des lanceurs d’alerte ;
  • Défense des droits à la santé ;
  • Renforcement des législations et des politiques de lutte contre la corruption ;
  • Mise en place de mécanismes complets de vérification de surveillance, de reddition des comptes et d’information pour suivre les décaissements et vérifier la bonne réception ;
  • Identification et protection des personnes vulnérables.

À ces mesures, il convient d’ajouter les plaidoyers en faveur de la levée des brevets sur les vaccins. Si ces plaidoyers soulèvent un autre problème éthiquement recevable, celui de la propriété intellectuelle, ils en résolvent un autre en substituant à la logique marchande, l’impératif du partage et de la solidarité anthropologique, lumineusement énoncé dans les Déclarations de l’UNESCO, notamment la Déclaration universelle sur la bioéthique et les droits de l’homme et la Déclaration conjointe du CIB et de la COMEST sur  la pandémie de Covid-19.

Que conclure ?

Il est évident que cette conférence, parce qu’elle est inaugurale, s’est attelée à dégager les chemins de la rosée matinale pour entrer plus aisément dans le champ de la diplomatie vaccinale qui sera défriché à l’aide d’un logos polyphonique, déployé par des experts d’horizons divers, universitaires et onusiens, tous unis par l’éthos de la mondialisation.  Serions-nous à la fin de ce séminaire, que nous nous poserions la même question : « Que conclure ? ». Car, peut-on conclure sur une pandémie qui n’a pas encore dit son dernier mot ? Somme toute, l’éthique doit constituer le socle axiologique unificateur de la diplomatie vaccinale globale. Par elle, le global acquiert plus de cohérence et de sens ; il cesse d’être pour ainsi dire un agrégat rapsodique de stratégies.

Nous avons commencé cette conférence par une injonction, nous la terminons par une autre injonction, vulgarisée par l’Aufklärung, entendez le siècle des Lumières : Sapere aude ! Ose te servir de ton propre entendement.

Prof. Lazare Poamé, titulaire de la Chaire UNESCO de bioéthique

 

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