Côte d’Ivoire-Enrôlement et distribution des CNI/Menace de grève à l’horizon

 

Trois ans après le lancement en février 2020 de l’opération d’enrôlement pour l’établissement  des cartes nationales d’identité (CNI) biométrique, moins du quart des Ivoiriens n’ont toujours pas été enrôlés ou reçu leur carte nationale d’identité biométrique. Et pourtant, l’état de Côte d’Ivoire a injecté 462 milliards de francs CFA dont 62 milliards de francs CFA pour permettre à l’opérateur technique SELMEX et à l’ONECI d’établir des CNI. Le reste de l’argent a servi au registre national des personnes physiques (RNPP-CI). Malgré cette somme colossale, les Ivoiriens ont du mal à avoir leurs pièces. Au point où seulement 5.490.000 ont été produits en trois ans au lieu de 12.000.000  de cartes  par an.

 

Des centres d’enrôlements fermés

 

Quand les opérateurs techniques lançaient l’opération d’enrôlement pour l’établissement  des cartes nationales d’identité (CNI) biométrique, environ 2200 agents ONECI  avaient été recrutés. Trois ans après, seulement 611 sont encore en fonction. Sur les 611 agents qui travaillent pour le compte de l’ONECI, 600 exercent dorénavant  comme des prestataires de service. .

 

Des salaires de misère

Contrairement à un passé récent où les agents de l’ONECI recevaient des sommes intéressantes comme rétribution mensuelle estimée à 230.000F, le nouveau contrat  rétablit par les dirigeants actuels de l’ONECI fixe la paie des prestataires de service à 90.000 F CFA le mois. Un salariale qui démotive vu que parmi les prestataires de service, on trouve des ingénieurs concepteur, des personnes titulaires de BTS, d’une Licence Universitaire, d’une maitrise, etc…Sur la question de la faible rémunération des agents aussi bien ceux d’Abidjan que de l’intérieur du pays, et le changement de contrat, un dirigeant de l’ONECI que nous avons joint avoue que la paie des agents a été revue à la baisse. Il poursuit pour dire que le budget à la disposition de l’ONECI ne permet pas d’accorder un statut d’agents ONECI aux prestataires de service. Devenir agent ONECI avec les avantages qu’il ya, cela pourrait  donner un montant presqu’impossible à faire face , se justifie notre interlocuteur anonyme.

                    Les raisons

Les rémunérations jugées maigre suscitent la démotivation dans les rangs des prestataires de service. Conséquence, les départs volontaires de prestataires continuent. Un ex-prestataire dans la région du Guemon révèle, « j’ai été recruté à l’ONECI comme agent en 2016. Quelques années plus tard, la nouvelle équipe dirigeante de l’ONECI nous a fait signer un contrat pas comme agent de l’ONECI mais comme des prestataires de l’ONECI avec des salaires largement en dessous de ce que nous percevions. Ce n’est pas tout. Je travaillais dans la région du Guemon. Nous étions 67 agents pour 30 centres d’enrôlement. Au jour  d’aujourd’hui, il ne reste que 18 agents  encore en fonction. 10 à Duékoué, 4 repartis dans les neuf sous-préfectures de Bangolo, 2 à Facobly et 2 à Kouibly.  Quatre (4) centres d’enrôlement sont encore ouverts. Je rappelle que le Guemon compte 23 sous-préfectures », témoigne-t-il sur le saut de l’anonymat. Désormais, deux équipes mobiles sont à pied d’œuvre pour aller à la rencontre des populations pour l’opération d’enrôlement. Une à Bangolo, l’autre à Semien. Mais la volonté des agents est souvent contrariée par le manque de moyens de communication et de moyens de déplacement ou de transport pour aller à la rencontre des populations et accomplir  la mission. Conséquence, sur une population cible de plus de 370.000, seulement 23% de cartes ont été produits. 8.000 cartes attendent preneurs dans le Guemon, 5000 cartes produites sont stockées dans le centre d’enrôlement de Duékoué. «Plusieurs villages sont non seulement inaccessibles mais loin du chef lieu du département. A Zou, village situé  à des dizaines de kilomètres du chef lieu de sous-préfecture, 400 pétitionnaires qui souhaitent  se faire enrôler au chef lieu de sous-préfecture, n’ont pas les moyens pour se déplacer. Vouloir se rendre dans le centre d’enrôlement du département nécessite environ 7.000 F CFA  comme transport aller et retour. A cela s’ajoute  la quittance qui s’élève à 6000 F CFA. Pareil pour les cinq autres sous-préfectures. Chose pas toujours aisée pour les paysans quand on sait que le non achat du cacao et la vie chère rendent très difficile le quotidien des populations rurales », a confié  notre interlocuteur. A ce jour, seulement un seul agent d’enrôlement travaille. Il n’est pas présent de façon permanente parce qu’en manque de moyens de transport, de prime de déplacement quand il s’agit des localités difficilement accessibles. La situation complexe dans le Guemon est probablement pareille dans beaucoup de régions de la Côte d’Ivoire. Il ya des régions plus vastes, des localités difficilement accessibles que la région du Guemon.

 

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Très peu de retrait de cartes produites

Nous l’indiquions dans notre parution précédente, des milliers de cartes produites attendent preneurs. Avec le nombre réduit des agents prestataires de service de l’ONECI et la fermeture de plusieurs centres d’enrôlement dans le Guemon, le nombre de personnes enrôlées quotidiennement se chiffre entre 50-100 par jour. Pour ce qui est de la distribution des cartes produites, ce sont entre 50 à 100 cartes. Comme preuve, 5000 cartes produites  attendent  preneurs dans les centres d’enrôlement de Douékoué et 8000 cartes produites sont stockées dans les centres d’enrôlement du Guemon. Un dilemme non seulement pour l’opérateur technique, l’ONECI mais aussi le gouvernement de Côte d’Ivoire. La source de toute cette situation réside dans le faible nombre des agents prestataires de service,, le manque de motivation des agents prestataires,, de moyens de transport, de communication, de primes.  Peut-on demander à un prestataire de service ONECI qui n’a ni prime, ni moyens de déplacement, d’aller travailler à 40 voire 50 kilomètres ?

Les attentes des dirigeants de l’ONECI

C’est un véritable défi que compte relever  le président de l’ONECI avec l’opération technique. Chaque fois que l’occasion est donnée d’être face aux agents, le DG insiste sur les résultats à atteindre. Or, les souffrances endurées par les agents compte tenu du bas salaire (90.000F), des primes non payées depuis août 2022, du manque de moyens de déplacement, fait craindre des lendemains inquiétants. Un agent qui a voulu garder l’anonymat  prévient que si rien n’est fait pour améliorer la situation des agents  prestataires de service de l’ONECI, ils pourraient arrêter le travail en avril prochain et entrer en grève

 

 Des primes impayées depuis 6 mois

 

En plus de la paie aux agents prestataires qui fait jaser, une prime d’enrôlement et une prime de distribution des cartes produites devraient être octroyées à chaque agent. Depuis Août 2022, aucun agent n’a perçu un seul centime de ladite prime. Et pourtant, il est prévu que chaque agent reçoive 100F sur une personne enrôlée et si la carte est produite. En plus des 100 F, une autre prime de 50 F par carte distribuée est octroyée à l’agent. Malheureusement, les agents approchés affirment n’avoir jamais perçu ni de prime d’enrôlement et carte produites, ni de prime de carte distribuées. Alors question, bas salaire aux agents, non paiement des primes, manque de moyens de transport et de communication,  réduction des agents, fermetures des centres d’enrôlement, difficulté pour les populations de se faire d’enrôler, non distribution des cartes, SELMEX, ONECI, à qui la faute ?

In extrait du Nouveau Regard N°40

 

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